Lundi 14 mars, à Paris 8, des étudiants ont repéré la présence d'un policier en civil pendant une assemblée générale.
Une semaine après les manifestations du 9 mars contre le projet de « Loi Travail », la mobilisation continue dans les universités, lycées et sur certains lieux de travail. À l’appel de plusieurs syndicats étudiants et lycéens, des actions sont prévues pour la journée du 17 mars. Cette mobilisation se traduit par l’organisation d’assemblées générales dans les établissements et de réunions syndicales. Plusieurs préavis de grèves ont également été déposés dans le secteur public.
Lundi 14 mars, la contestation était toujours forte à Paris 8. L’université, héritière directe de l’après Mai-68, a une longue tradition de lutte. Après des réunions dans les différents départements, l’« AG » générale de lundi était donc bien remplie. Pas uniquement par les concernés. Sur place, plusieurs étudiants ont en effet pu remarquer la présence d’un policier en civil.
Policier infiltré pas très discret à l’#AGParis8 pic.twitter.com/VTbC6Cfjc4
— Jean-Raphaël Bourge (@jrbourge) March 14, 2016
Jean-Raphaël Bourge est chargé de cours dans le département de science politique de l’université. C’est lui qui a posté la photo de l’officier sur Twitter : « Je l’ai reconnu immédiatement. J’ai re-vérifié des photos du camp de la Chapelle et je l’ai identifié : il jouait le réfugié là-bas » explique le professeur, « Là il joue les militants gauchistes… ». Pour des raisons évidentes, l’identité du policier n’a pas été révélée.
« Le plus drôle dans tout ça, c’est qu’il portait les mêmes vêtements quand il espionnait le camp de la Chapelle. J’imagine que pour lui, un costume de réfugié ou de gauchiste c’est la même chose… »
La présence de policiers infiltrés dans les lieux de lutte n’est pas nouvelle. À Paris 8, qui traîne la réputation de « fac de gauchiste », le bruit court que la direction a même pu se rendre complice de telles pratiques par le passé. « On est une université bouillonnante, on compte beaucoup d’étudiants sans papiers, étrangers, qui peuvent être des opposants politiques dans leurs pays d’origine… L’université est très médiatisée » explique Jean-Raphaël Bourge. L’action policière en milieu militant peut revêtir plusieurs formes : l’infiltration dans les cortèges, parfois en tant que « casseurs », la provocation en assemblée, ou, comme cela semblait être le cas lundi à Paris 8, du simple repérage. « C’est de l’espionnage de l’intérieur. Le but c’est de repérer les potentiels éléments perturbateurs » détaille le chercheur en science politique. Les questions posées par le policier aux étudiants étaient apparemment très vagues, ce qui a achevé de mettre la puce à l’oreille à ces derniers.
Gêner la mobilisation étudiante
Le lendemain, mardi 15 mars, des policiers sont intervenus lors d’une réunion syndicale à La Poste, où plusieurs étudiants de Nanterre s’étaient déplacés. La vidéo, postée sur Facebook, a vite fait le tour du web et provoqué de vives réactions. Les policiers, armés de flashballs, ont été appelés par la direction du centre courrier de La Poste d’Asnières, pour interpeller les étudiants, comme le montre cette vidéo.
La direction de La Poste fait intervenir la police avec leurs flashballs dans le bureau d’Asnieres… La réaction…
Posted by Sudposte Hauts de Seine on Sunday, March 13, 2016
Les méthodes de la police pour gêner les étudiants militants ne semblent pas vraiment porter leurs fruits, au vu du contre-coup médiatique qu’elles peuvent générer. Mais les réactions ne semblent pas pour autant les affecter : ce mercredi 16 mars, un étudiant aurait été arrêté pendant une AG de l’université Lyon 2, pour une affaire de tag. Les différentes assemblées générales se poursuivent pourtant sans heurts. Différentes actions se préparent pour la suite. On imagine aisément la même chose du côté des forces de l’ordre…