Grâce au travail et à l'engagement d'un luthier de Tel-Aviv, des instruments de musique utilisés pendant la période de la Shoah connaissent une nouvelle vie.
« Pendant la guerre, les Allemands utilisaient ce violon pour piéger les juifs. Quand ils sortaient des trains, à l’arrivée au camp, entendaient le son du violon et se disaient ‘rien ne peut nous arriver ici, il y a un violon qui joue’. 50 mètres plus tard, c’était la chambre à gaz »
Ce violon, c’est l’un de ceux que répare Amnon Weinstein. Luthier israélien exerçant à Tel-Aviv, Amnon voue sa vie à une entreprise du souvenir. Depuis depuis près de vingt ans, il restaure des violons – et plus rarement, des violoncelles – qui ont servi pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans les camps de concentration nazis et dans les ghettos.
BBC News lui consacre un reportage audio, alors que le monde célèbre ce 27 janvier les 70 ans de la libération d’Auschwitz-Birkenau, le plus meurtrier de tous les camps d’extermination, symbole de la barbarie nazie.
Une rescapée, dans un témoignage recueilli par Géopolis, raconte comment intégrer l’orchestre d’Auschwitz, qui jouait aussi pour les SS, lui a sauvé la vie.
La première rencontre d’Amnon avec un violon de ce type a eu lieu il y a 50 ans, expliquait-il en 2012 à la radio américaine NPR. Il lui aura fallu près de 30 ans pour se décider à initier un véritable projet de restauration et une exposition, baptisés a posteriori « Violins of Hope », les « Violons de l’Espoir ». Une fois les instruments restaurés, il est possible d’en jouer à nouveau. Amnon a confié l’un d’entre eux à David Russell, un vieil ami professeur de musique aux États-Unis.
De simples instruments de musique, ces violons sont devenus récipiendaires de la mémoire collective, d’autant plus que le violon est un élément très populaire dans la culture juive – notamment par le Klezmer, une tradition ashkénaze de musique festive quasiment décimée par la Shoah. Parmi les violons qu’Amnon a restaurés, bon nombre sont ornés d’une étoile de David nacrée.
Restaurer ces violons, les faire sonner à nouveau, c’est oeuvrer pour ne jamais oublier. Une manière universelle de se souvenir : « Le violon parle toutes les langues », affirme Amnon. Depuis qu’il a commencé, en 1996, le luthier a déjà restauré plus d’une trentaine de violons :
« C’est comme une grande forêt d’instruments qui jouent pour la mémoire de nombreuses personnes »
«Je le fais d’abord pour ma famille» précise Amnon à la BBC. Grands-parents, cousins, oncles, tantes : une grande partie de ses proches a péri pendant la Seconde Guerre Mondiale.
« Je le fais aussi pour les autres », ajoute-t-il. Les autres, ou les millions de personnes, principalement juives, assassinées dans les camps de concentration entre 1940 et 1945 – dont plus d’un million cent mille personnes rien qu’à Auschwitz.