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Sciences
Par Laura Aronica

La Silicon Valley veut nous empêcher de mourir

On le savait déjà : la Silicon Valley est l’incubateur de nos rêves les plus fous. Pas étonnant alors que viser l’immortalité soit devenu son dernier dada. Certains de ses chercheurs considèrent la mort comme une maladie et réfléchissent à des remèdes pour la retarder – et qui sait, un jour peut-être, l’éradiquer.

Le docteur Joon Yun, médecin et gestionnaire de fonds établi dans la Silicon Valley, a annoncé au début de l’année qu’il attribuerait un prix d’un million de dollars, le Palo Alto Prize, à qui saurait « résoudre le vieillissement » (« cure ageing », dans le texte) et démontrer qu’il nous est capable de vivre plus d’un siècle en bonne santé.

Pour l’instant, 15 équipes de chercheurs sont en lice – le grand vainqueur sera connu en 2018. La clé du succès : s’attaquer au déclin l’homéostasie, soit la capacité de notre corps à s’autoréguler. Plus le corps est jeune, plus il retrouve rapidement sa stabilité après une agression interne ou externe.

Les chercheurs veulent maintenir cette balance interne à son point d’équilibre le plus longtemps possible. Selon eux, booster notre capacité homéostatique reviendrait à faire bondir notre espérance de vie – et à la prolonger ainsi jusqu’à 120 ans, ce qui correspond à la limite (toute théorique) de longévité du corps humain.

Au-delà du concours, nombreuses sont les firmes de la Silicon Valley qui se sont lancées dans la course contre la vieillesse. Google a créé en 2013 la California Life Company (Calico), un centre entièrement dédié à la recherche dans ce domaine. Situé dans le complexe secret de Google, le X Lab, il développe une pilule capable d’identifier et de donner un signal lorsqu’elle détecte les premiers signes du cancer.

Parmi les nombreuses initiatives de ce genre, que détaille le Telegraph dans un article du 14 février, citons celle de Craig Venter, le premier généticien a avoir séquencé un génome humain. Sa compagnie, Human Longevity Inc., veut séquencer un million de génomes pour trouver un éventuel gène commun de la longévité. Sur son site, un slogan est mis en évidence : « Nous ne nous battons pas pour une longue vie, mais pour une vie qui vaut la peine d’être vécue ».

Justement, tout cela en vaut-il vraiment la peine ? En 2013 déjà, Slate pointait déjà que les Américains n’ont aucune envie d’étendre leur espérance de vie. Le docteur Yun, lui, n’y voit que des avantages. Vivre plus longtemps pousserait la population, dit-il, à être plus consciente du monde qui l’entoure, et donc plus responsable. Rajeunir le corps de l’intérieur reviendrait aussi à voir moins de personnes contracter les maladies liées à la vieillesse. Il pointe par ailleurs le facteur culturel : seules quelques générations nous éloignent, rappelle-t-il au Telegraph, du temps où l’espérance de vie ne dépassait pas 45 ans.

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