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Mode
Par Julien Gangnet

CLIQUE WEAR : Adidas Challenger

Je vous parle d’un survêt’ que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître,
Montmartre en ce temps-là accueillait des kaïra, jusque sous nos fenêtres.
(Adaptation libre)

En l’an de grâce 1984, au cœur de l’âge d’or du sportswear, Adidas réussi un coup magistral avec le Challenger. C’est une déflagration sur les boulevards, où ce survêtement devient une pièce majeure en un clin d’œil, éclipsant même pour un temps les marques ritales.

Outre son design sans concession, col en bord côte, empiècement 3 bandes sur l’épaule et fermeture Éclair sur le mollet, toute l’originalité du Challenger est la matière. Adidas abandonne momentanément l’acrylique pour le « peau de pêche », un tissus comparable au daim, mélange de polyester et de coton, aussi doux que les fesses de l’enfant Jésus.

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L’ensemble veste et pantalon est disponible en plusieurs couleurs, je craque pour le bleu ciel et je fais une comédie à ma grand-mère jusqu’à ce qu’elle m’en achète un, au BHV. Les joueurs de l’équipe de France, celle de Platini, sont habillés avec le Challenger bleu marine au coq FFF brodé sur la poitrine, une merveille de sponsoring car cette année-là, les bleus et le carré magique deviennent Champion d’Europe.
C’est un coup de booster énorme pour le Challenger Adidas qui n’en demandait pas tant. Dans le foot pro, c’est le-raz-de-marée, de très nombreuses équipes adoptent le Challenger, désigné à leurs couleurs. Les joueurs du regretté Matra Racing portent fièrement un modèle noir, gris et bleu, une grosse balle.

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Du côté des gentlemen de l’époque, le Challenger se porte de deux façons : complet haut et bas, avec un pull col cheminé, aussi appelé cheum-cheum, ou un polo Ivan Lendl, la fermeture Éclair du pantalon sur l’arrière du mollet négligemment entre-ouverte, tombant sur une Stan Smith (le modèle original, pas les minables rééditions 015) ou une Achille en nylon. Mais aussi la veste seule, sur un 501 ou un Lois grosses côtes, et chaussé d’une paire de Ciak (imitation Clarks de chez André).

En cette fin des années 80’ le Challenger est partout sur les épaules des gars à la page et je ne pense pas me tromper en affirmant qu’on peut en voir plusieurs dans le public de l’émission Hip-Hop de Sidney.
À l’époque, personne n’est trop regardant au niveau du swagg de ce mouvement balbutiant, une casquette Bricorama sur le côté, même pas assortie au survêt’, et te voilà un mec du mouv’.

Puis la décennie finissant, un clou chasse l’autre et le jogging Kappa met un bon uppercut au Challenger. Ce dernier devient, peau de pêche élimée, poché aux genoux, l’uniforme des maîtres chiens alcooliques, c’est une fin poignante pour cette étoile de la dégaine.

N’oubliez jamais que ce Challenger a été un immense champion.

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