Pour l'Arménie, qui attend toujours que la Turquie reconnaisse le génocide de 1915 sur sa population, la visite de Kim Kardashian a été une aubaine.
The awareness that the family has collated towards Armenia is such an influential thing. Thank u for educating me #Armenia #ArmenianGenocide — Ж Dan Murace Ж (@danmurace) 12 Avril 2015
Kim Kardashian bought my attention to the Armenian genocide.. Which I never heard of.
— Blair Waldorf (@west_indie) 12 Avril 2015
« Kim Kardashian a attiré mon attention sur le génocide arménien, dont je n’avais jamais entendu parler ». « L’attention que la famille a amenée sur l’Arménie est tellement influente (sic). Merci de m’avoir éduqué #Arménie #GénocideArménien ». Voici quelques exemples de mots doux qu’ont reçus les soeurs Kardashian, sur Twitter, pendant leur visite en Arménie, achevée lundi 13 avril.
An emotional day at the genocide museum. pic.twitter.com/JEQJOy3T8E — Kim Kardashian West (@KimKardashian) 12 Avril 2015
Le 9 avril, les stars de téléréalité Kim Kardashian et sa soeur Khloe, accompagnées du mari de Kim, Kanye West et de leur fille North, se sont rendues en Arménie, le pays d’origine de leur famille – émigrée aux États-Unis deux ans avant le génocide de 1915, qui a fait plusieurs centaines de milliers de morts (entre 200 000 et dix fois plus, selon les historiens). Bain de foule à l’arrivée, participation aux commémorations, rendez-vous avez le premier ministre… Présenté comme un « retour aux sources », ce voyage avait surtout des airs de visite d’État. Loin de la presse, Kim Kardashian a documenté elle-même sa visite à coup de tweets et de photos – plus ou moins liés à l’actualité du pays de ses ancêtres :
Turquoise vibes today #Armeniapic.twitter.com/vYptlswCFN — Kim Kardashian West (@KimKardashian) 9 Avril 2015
Kim Kardashian a cristallisé l’attention de la planète (du moins, de la partie de la planète consciente de son existence) sur l’Arménie, notamment grâce à la performance remarquée de son mari Kanye West lors d’un concert gratuit dimanche 12 avril, achevé en plongeon géant dans un lac :
Pendant quelques heures, le mot « Arménie » est devenu l’un des plus discutés sur la plate-forme de microblogging, au niveau mondial, juste avant « KUWTK », acronyme de « Keeping Up With The Kardashians » (une télé-réalité mettant en scène la famille Kardashian, qui en est à sa 10e saison).
« C’est une incroyable attachée de presse pour nous »
“Kim Kardashian, venue en hommage aux victimes, a des millions de followers” se réjouit le ministre arménien de la diaspora Hranush Hakobyan, interrogé par le Guardian. “C’est une incroyable attachée de presse pour nous. La plupart des gens ne savent même pas où est l’Arménie.”
Didn’t know that Kim K was Armenian. Armenia is in Asia isn’t it? — Ty (@triley45) 8 Janvier 2015
« Je ne savais pas que Kim K était arménienne. L’Arménie c’est en Asie n’est-ce pas ? » – Triley, Kansas (USA).
Officiellement, Kim Kardashian – 29,8 millions d’abonnés sur Instagram et 31 millions sur Twitter – n’est pas venue spécialement à l’occasion du centenaire du génocide. Mais la star de télé-réalité répète depuis longtemps son engagement pour la mémoire de son pays (d’après The Independent, elle affirmait déjà, en 2012, « se battre avec passion pour que les gens reconnaissent le génocide arménien »).
La venue de la famille Kardashian s’est attirée son lot de critiques habituelles, mais le bilan global de cette visite est positif. Bien moins désastreux en tout cas que celle que Kim Kardashian avait faite en 2012 au Bahreïn, ce royaume du Golfe notoirement répressif, pour promouvoir une marque de milkshakes. « On n’a jamais autant parlé de l’Arménie dans les médias » rappelle l’historien Vahram Ter-Matevosyan, interrogé par le Guardian :
“Je suis sûr que la Turquie en fait des cauchemars. Là-bas, certains disent que Kim Kardashian est la dernière arme utilisée par les Arméniens. Elle va nous manquer.”
Reste à observer, dès maintenant, l’efficacité de cette « diplomatie du hashtag » version Kardashian – et à espérer que l’intérêt qu’elle a su susciter ces derniers jours envers son pays d’origine puisse survivre, ne serait-ce qu’un peu plus longtemps, à sa visite.