UNESCO, section WTF. Les blagues ouzbèques et du Niger sont en passe d’entrer au patrimoine immatériel de l’humanité, nous apprend Yann Gallic de France Inter. Jusqu’à vendredi, à Paris, un comité de l’UNESCO va « examiner une soixantaine de candidatures venues du monde entier », précise-t-il. Parmi elles, le « rituel de battements de tambours en Espagne », le « rituel d’appel à la pluie » dans un village d’Iran ou encore le « tir aux osselets mongol ».
Que trouve-t-on dans le patrimoine immatériel de l’humanité ? Comme son nom l’indique, ce qui n’est pas matériel, tangible. De l’invisible, de l’impalpable. Des « traditions orales » et des savoirs, des arts et des pratiques, des « fêtes » et des « rituels », détaille le site de l’UNESCO. La capoeira brésilienne par exemple, les processions de saints en Italie, ou encore des savoir-faire, comme l’art de créer, tout à la main, le traditionnel papier Washi japonais. Ces traditions immatérielles ont une triste spécificité : lorsqu’elles sont mortes, impossible de les restaurer.
Malgré ses airs drôles, insolites, l’idée de « patrimoine immatériel » est plus compliquée qu’il n’y paraît. Prenons l’exemple du « repas gastronomique des Français », inscrit depuis 2010 sur les registres de l’UNESCO. Il ne distingue pas les recettes ou les aliments français. Il met à l’honneur une pratique, très française : celle de se réunir à heure fixe autour d’une table, pour ripailler et boire en famille (ce qui n’empêche pas bon nombre de restaurants d’inscrire à tort sur leur carte que leur menu est au patrimoine mondial). Pour le papier Washi, c’est pareil. Ce n’est pas le papier que reconnaît l’institution, mais l’art de savoir le fabriquer correctement.
Ce « patrimoine immatériel culturel de l’humanité » a été institué en 2003 pour recenser les pratiques culturelles vivantes constitutives de notre identité mondiale. En les inscrivant sur un registre, on leur donne un poids symbolique, signale qu’elles sont importantes et doivent se transmettre de génération en génération. Parallèlement, l’UNESCO a établi une liste de « sauvegarde urgente », pour les pratiques les plus en danger – cette année, la tradition orale des Mapoyos au Vénézuéla. Elle distingue aussi les meilleures initiatives de sauvegarde. Pour l’édition 2014, les Belges, qui essayent de sauver leur quatre fois centenaire « pratique du carillon » (l’art de faire de la musique avec des cloches) viennent de voir leur travail reconnu.