Dans le film Armageddon, Bruce Willis est envoyé en mission spatiale par le directeur de la Nasa pour détruire un astéroïde qui doit s'écraser sur la Terre. Le film date de 1998. En 2015, la fiction est en passe de devenir réalité...
En 2022, la NASA et l’Agence Spatiale Européenne enverront des vaisseaux spaciaux pour dévier un astéroïde. Depuis ce printemps, après une étude conjointe entre les deux agences sur une expédition sans pilote de vaisseaux spaciaux vers un astéroïde, la mission est entrée dans sa phase initiale.
L’objectif de la mission AIDA (The Asteroid Impact & Deflection Assessment), repérée par un blog de Libération, est de détourner la trajectoire d’un astéroïde afin d’apporter de nouvelles connaissances sur les moyens de protéger la Terre d’un éventuel d’impact… Le scénario ne relève pas de la science-fiction : si de grands impacts, tels que celui qui a balayé les dinosaures, ne se produisent qu’une seule fois tous les 100 millions d’années environ, des impacts plus faibles sont beaucoup plus fréquents.
En 2013, des fragments de l’astéroïde Tcheliabinsk – malgré sa désintégration dans l’atmosphère – ont atteints le sol terrestre russe faisant plus de 1 500 blessés et causant de nombreux dégâts matériels.
Chute des fragments de l’astéroïde Tcheliabinsk dans la région russe de l’Oural
Et si aujourd’hui, aucun astéroïde en orbite autour de la Terre ne présente de risques majeurs de collision, les agences spatiales souhaitent êtres parées à toute éventualité.
Didymos – qui signifie les jumeaux, en grec – est un astéroïde double, composé de deux éléments : un corps céleste primaire de 800 mètres de diamètre tournant sur lui-même et d’un satellite naturel secondaire de 170 mètres de diamètre qui gravite autour. Cette configuration complexe est une difficulté supplémentaire pour les scientifiques, mais c’est pour cela que Didymos a été choisi : si les équipes réussissent à détourner un astéroïde « compliqué » comme celui-ci, faire la même chose sur un astéroïde « simple » sera un jeu d’enfant
Didymos – Crédit © UC Berkeley
À partir de 2020, deux vaisseaux seront lancés. Le premier, l’AIM (Asteroid Impact Monitoring) est une sonde développée et dirigée par l’Agence Spatiale Européenne dont le rôle sera de caractériser les composants de Didymos, en analysant sa structure, sa masse, ses propriétés géophysiques, en surface comme en souterrain. À l’heure actuelle, les chercheurs ne sont pas sûrs de la composition exacte de l’astéroïde binaire Didymos. Il pourrait être juste une nébuleuse de roches ou bien quelque chose de beaucoup plus dense. Autre rôle: celui d’observatrice. Elle étudiera l’avant, le pendant et l’après-impact du second vaisseau sur l’astéroïde.
AIM – Crédit © ESA
Le second vaisseau, le DART (Double Asteroid Redirection Test) créé par la NASA, sera envoyé à quelques mois d’intervalle. C’est celui qui devrait entrer en collision avec l’astéroïde, en s’y écrasant à la vitesse de 22 500 km/h, en 2022.
DART – Crédit © Gentside
À cette date, celui-ci sera au plus proche de la Terre (11 millions de km), la déviation sera donc plus facilement mesurable. Cette mission qui est une première mondiale devrait coûter 300 millions d’euros. Plus tard, en étudiant les débris flottant après l’impact, les chercheurs pourront également mieux se préparer pour les futures missions habitées vers les astéroïdes, puisque la NASA prévoit d’envoyer des astronautes sur l’un d’eux d’ici 2025.
Rassurez-vous, la fin du monde ne sera pas provoquée par l’impact d’un astéroïde géant. Comme l’expliquait déjà Robert Wilson lors de son interview avec Mouloud Achour, celle-ci arrivera lorsque le Soleil aura consommé toute sa réserve d’hydrogène… dans 4 ou 5 milliards d’années !
Revoir notre interview de Robert Wilson :