Big Boi, l'un des membres du duo, a déjà apposé sa signature.
Depuis plusieurs décennies, sur la Stone Moutain (un mont de granite de l’État de Géorgie, aux Etats-Unis) sont immortalisés les profils de Jefferson Davis, Robert Lee et Thomas Jackson. Tous trois sont considérés comme des héros de la Guerre de Sécession, côté Confédéré.
Andre 3000 et Big Boi, les deux membres du groupe Outkast, natifs de Géorgie, les y rejoindront-ils bientôt ? C’est en tout cas ce que souhaite l’un de leurs fans, Mack Williams, qui a lancé une pétition à ce sujet. Vendredi 17 juillet au matin, elle avait déjà recueilli près de 7 500 signatures.
La Stone Mountain (à ne pas confondre avec le célèbre Mont Rushmore, dans le Dakota)
Cette pétition est une réponse à une requête de l’association de lutte pour les droits civiques NAACP. L’ « Association Nationale Pour la Promotion de Gens de Couleurs » (en français), rapporte un média local, a récemment demandé l’éradication totale de la sculpture représentant les trois hommes, ainsi que de tous les symboles rappelant les Confédérés.
Entre 1861 et 1865, l’ « Union » des États du Nord (dirigés par le président Lincoln, abolitionniste) et les « Confédérés » du Sud des États-Unis, dont l’économie dépendait de la traite des êtres humains, se sont déchirés sur la question de l’esclavage.
150 ans plus tard, notait en avril le Los Angeles Time, les plaies de cette guerre, « plus meurtrière pour les soldats américains que la Première et la Seconde Guerre Mondiale réunies », sont encore à vif. Et si à l’époque, la victoire des États du Nord a permis de libérer « 4 millions de personnes de l’esclavage », « la véritable égalité raciale », analysait le quotidien, « reste toujours hors d’atteinte ».
Le drapeau confédéré avant son retrait, sur l’esplanade du Parlement, en Caroline du Sud. Photographie © LaPresse.ca
Si le drapeau confédéré est pour les uns symbole d’héritage culturel et de fierté régionale, il est aussi utilisé comme un manifeste raciste, comme le rappelait récemment l’historienne Nicole Bacharan à Libération. Le Ku Klux Klan, entre autres, le défend bec et ongles. Il est, de fait, perçu comme une insulte par la communauté Afro-Américaine.
Fin juin, les premiers éléments de l’enquête sur la tuerie dans une église noire de la ville de Charleston ont montré que Dylann Roof, le principal suspect, se prenait en photo avec l’objet. Pendant ce temps, ce dernier flottait toujours sur l’esplanade du Parlement de l’État de Caroline du Sud, relançant la polémique aux États-Unis (il a, depuis, été retiré).
Mack Mills, lui, a pris le parti d’apaiser les esprits par l’humour. Il ne demande pas la suppression du monument à la gloire des Confédérés. « Je crois qu’il est important de reconnaître l’histoire et l’héritage de tous les Géorgiens » affirme-t-il sur la page du site MoveOn.org, qui héberge la pétition.
« Cependant, les sculptures de the Davis, Lee et Jackson sur la Stone Mountain ne représentent qu’un petit – et regrettable moment de l’Historie de notre État. Il est grand temps d’ajouter un peu de notre histoire et de notre culture à ce monument ».
Quant au choix de la Cadillac, dit-il, il s’explique ainsi : « Cela permettra aux nouvelles sculptures d’êtres en harmonie avec celles des Confédérés, qui sont à cheval ». Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour essayer de coexister.