Premier pilote arabo-africain à avoir remporté un championnat de course automobile organisé par la FIA - Fédération Internationale de l'Automobile, Mehdi Bennani a intégré l'écurie de Sébastien Loeb pour la saison de 2015. Rencontre avec un pilote chevronné.
Qui es-tu ?
Mehdi Bennani, marocain et pilote professionnel du Championnat du Monde WTCC avec l’écurie de Sébastien Loeb.
Ta mère, Samira Bennani a été la première femme arabo-africaine championne de course automobile sur circuit fermé et ton père Abdelilah Bennani a été 4 fois champion du Maroc de motocross. Vraisemblablement, tu as ça dans les gènes. Cependant, était-ce un rêve que de faire carrière dans l’automobile ?
Oui, bien sûr, cela était un rêve de faire de la course mais je ne l’avais jamais envisagé en carrière. Cela s’est fait progressivement, étape par étape, d’année en année, je me suis laissé embarquer. Arriver à ce niveau mondial et être en compétition avec les pilotes avec qui je suis aujourd’hui, jamais, je ne l’aurais imaginé.
Comment as-tu débuté ?
A l’âge de 9 ans, j’ai débuté en karting mais sans envie aucune de faire de la compétition. Passionné, je m’entraînais tous les week-ends, puis j’ai fini par compéter et remporter des victoires et titres.
A l’âge de 16 ans, j’ai eu le soutien du roi du Maroc, Mohammed VI, pour faire la sélection FFSA – Fédération Française de Sport Automobile – pour entamer une carrière professionnelle.
Photographie © François Flamand
Au Maroc, il n’y a pas de fédération ou de structures nécessaires ?
Il n’y a pas de circuit permanent. Il existe un seul circuit urbain qui est à Marrakech. Le sport automobile n’y est pas trop développé.
Dès le début, as-tu eu le soutien de tes parents ?
Oui. Ils ont toujours été présents, ils m’encouragent énormément. Je leur dois beaucoup.
Après le kart avec de beaux titres remportés, tu es passé en WTCC. Pour ceux qui ne connaitraient pas, pourrais-tu expliquer ce qu’est le WTCC ?
Il existe 2 championnats du monde sur circuit : la F1 et la WTCC qui veut dire World Touring Car Championship. Pour faire très simple, la principale différence entre les deux est le véhicule utilisé. En WTCC, nous utilisons des automobiles dites de « tourisme ».
Ce qui veut dire que les voitures sont réglementées ?
Oui, il y a une réglementation très stricte. La FIA – Fédération Internationale de l’Automobile – impose des normes : poids du véhicule, puissance des moteurs,… mais aussi de sécurité ! Afin que chaque compétiteur à la ligne de départ parte dans les mêmes conditions.
Tu es le premier arabo-africain à avoir remporté une course au Championnat du Monde.
Oui, tout à fait, l’année dernière. J’ai gagné le Grand Prix de Chine sur le circuit de Shanghai. Ce fut un moment très fort, rempli d’une immense joie et fierté.
Mehdi lors de sa victoire à Shanghai.
Fin 2014, tu as rejoint l’écurie de Sébastien Loeb pour la saison 2015, comment cela s’est-il passé ?
La liste des candidats était longue et une seule place était à pourvoir. J’étais en compétition avec des pilotes de renoms. Ma victoire à Shanghai, l’année dernière, a été déterminante. Juste après, l’écurie de Sébastien Loeb, l’homme le plus titré, neuf fois Champion du Monde, m’a offert cette place et l’opportunité de rouler en Citroën, la voiture championne du Monde. C’est un honneur et une fierté.
Dans une carrière professionnelle automobile, on ne peut pas espérer de meilleures conditions de travail et d’évolution.
Le Championnat du Monde 2015 a débuté, comment l’appréhendes-tu ?
Oui, on est déjà à plus de la moitié de celui-ci, il reste 4 courses sur 12. Je le sens bien, on a eu plusieurs résultats dans le top 5 malgré quelques bas. J’espère dans un futur proche me battre pour un titre mondial.
Comment se prépare-t-on à une course ?
C’est une préparation journalière : un entraînement physique de 3 heures. Parce qu’on ne fait pas que conduire. C’est un sport qui sollicite beaucoup le corps, on perd 2 kilos et demi par course. Il faut donc bien se préparer et être discipliné, chaque jour de l’année compte.
Photographie © Jean-Michel Le Meur
C’est aussi un sport dangereux voire mortel. Comment gères-tu cela ?
Chaque pilote connait la règle du jeu. Je vois les bons côtés que m’apporte ce sport : l’adrénaline et les victoires. J’essaye juste de ne pas trop y penser.
Donc pas de gros accidents pour toi ?
Non, juste des crashes. Rien de grave. Pourvu que cela dure.
Quels sont tes projets à long terme ? La F1 serait-elle une fin en soi pour toi ?
Pourquoi pas. J’ai un parcours automobile qui serait une suite logique pour la F1. J’ai des propositions et effectué des tests, on verra bien. Je ne me ferme pas la porte.
Pour finir, as-tu d’autres passions que l’automobile ?
Bien sûr. J’aime tout ce qui est sport nautique, tennis, squash. Il doit y avoir un minimum d’adrénaline. Cela reste autour du sport.
Bonne route Mehdi.