Anxiété, retrouvailles douloureuses, ou encore solitude : certaines personnes appréhendent les fêtes de fin d’année. Noël et le jour de l’An peuvent servir de déclencheurs, lorsqu’il existe déjà un début de déprime ou un risque de rechute. Interview de Christine Latimier, médecin addictologue coordinatrice des centres de soins et de prévention en addictologie de Douar Nevez.
Pourquoi les fêtes de fin d’années sont-elles une période plus encline à la dépression ?
Les fêtes de fin d’année évoquent parfois des souvenirs douloureux. Comme toute angoisse, cela peut-être une source d’alcoolisation. Il est sûr que c’est souvent une période à risque pour les personnes addicts.
Mais il ne faut pas confondre la déprime passagère avec la dépression, c’est-à-dire lorsqu’on a des idées noires. Si c’est le cas, il faut se faire aider au plus vite…
Noël joue beaucoup sur les émotions. On va avoir du plaisir à être avec les autres. Et parfois, au contraire, ça va être des moments de stress : la peur de revoir certaines personnes, l’anxiété des préparations… On a envie que tout se passe bien, et c’est à ce moment là qu’il peut y avoir des disputes. Certaines personnes se retrouvent seules, et voir que les autres s’amusent les renvoie à leurs propres manques.
Les attentats de Paris et Saint-Denis du 13 novembre dernier ont-ils eu un impact sur l’appréhension des fêtes de fin d’année ?
Ce qui m’a étonné en effet cette année, c’est que suite au traumatisme du 13 novembre, la détestation de Noël par mes patients était moins évoquée ces derniers temps dans les consultations. Certaines personnes se sont rendues compte qu’elles tenaient à la vie.
La consommation de drogues est-elle plus importante à ce moment de l’année ?
La consommation de drogues à cette période n’est pas vraiment liée à la dépression mais plus à la fête de la Saint Sylvestre. Les gens se retrouvent avec leurs groupes d’amis et peuvent fumer de la marijuana alors qu’ils n’en fument pas d’habitude, mais l’effet de groupe peut avoir un impact.
L’effet anti-dépresseur des drogues n’est qu’un leurre étant donné que lorsque les effets se dissipent, la chute est violente, et le sentiment de déprime exacerbé.
En ce qui concerne les overdoses, il est difficile d’établir un lien direct avec la période de fêtes de fin d’année étant donné qu’il n’y a pas de statistiques saisonnières mais plutôt annuelles.
Quels conseils pouvez-vous donner aux gens qui redoutent cette période ?
Si pour vous les fêtes de fin d’années sont une période difficile, que vous appréhendez de revoir certaines personnes, faites attention à l’alcool. Il faut toujours avoir un verre d’eau sur la table. Et surtout, mangez.
Il ne faut pas se forcer à faire des choses qu’on n’a pas envie de faire. Et essayez d’exprimer vos émotions. N’hésitez pas à demander de l’aide autour de vous, ou auprès du corps médical.