C’est à Bruxelles que nous avons rencontré Benoît Poelvoorde. L’acteur belge nous a reçus à l’occasion de la sortie de son prochain film, « Saint Amour », en salles le 2 mars prochain.
La bande-annonce de « Saint Amour »
Mouloud Achour : « Ce n’est pas un film sur l’alcool »
« Non, c’est plutôt un film sur la solitude, la difficulté d’être un garçon de mon âge et de ne savoir communiquer ni son désir ni sa place dans la société »
Benoît Poolvoerde explique le rapport aux femmes de son personnage, un homme solitaire, sur la route avec deux hommes que les femmes lui préfèrent. L’un est un jeune plein d’assurance, incarné par Vincent Lacoste. L’autre, c’est son père (Gérard Depardieu). On discute avec lui de sa passion pour les gens aux arrêts de bus, qui lui vient des dessins de Sempé, mais aussi de toute la difficulté de donner et de recevoir un simple « je t’aime » :
« C’est difficile à encaisser, tu as raison. Mais en même temps, ça fait tellement de bien »
On lui parle, justement, de la bienveillance qu’il dégage :
« J’ai perdu mon père assez jeune, mais ma mère m’a aimé pour deux »
« Elle me disait toujours : ‘Amuse-toi le plus longtemps possible, parce que la jeunesse est courte. Mais ne fais de mal à personne' ».
Comme dans le film « C’est arrivé près de chez vous ». Ce faux documentaire en noir et blanc, sorti en 1992, mettait en scène les exactions d’un tueur ans en série, bientôt aidé par les journalistes qui le suivent. « C’est un humour qui était violent…« , note Mouloud Achour.
« … Mais on s’en prenait au cinéma« , complète Benoît Poelvoorde.
« Ce qu’on voulait mettre en avant, avec nos maigres ambitions et notre jeune âge, c’est que déjà apparaissait la télé-réalité, le fait d’aller filmer n’importe quel imbécile qui prend la parole et qu’on rend ridicule ».
Mouloud Achour : « Qu’est-ce qui te heurte, aujourd’hui, à la télévision ? »
« Je ne regarde plus la télévision, et ce n’est pas du tout une pause ».
« La télévision nous parle comme si on avait deux ans d’âge mental, c’est une première chose. Ensuite, ce ne sont que des choses qui sont données à voir immédiatement. (…) La télévision, c’est la mort de l’imagination ».
« Un forum de discussion à la télévision, je n’en connais aucun. Qu’on ne nous dise pas qu’il y a des forums de débat ».
« Je suis très ému par les gens que je croise en train de se regarder dans un miroir (…), pris en flagrant délit dans le regard de l’autre. Il y a cet espèce d’abandon, de peur, ce manque d’assurance. C’est tout ce qu’il n’y a pas à la télévision ».
Benoît Poelvoorde nous raconte ce qui l’a poussé à arrêter la télévision – dont une expérience particulière sur un plateau, il y a quelques années. Il évoque aussi son refus de se confier aux journalistes, dans un cadre prédéterminé, déjà formaté par les chaînes ou les maisons d’édition. Il préférerait, dit-il, créer de fausses anecdotes. Ou du moins, laisser planer le doute sur leur véracité…
À vous de juger si celle-ci est authentique :
« J’ai joué avec Leonardo Di Caprio à un jeu de société, au détective, dans un grand hôtel à Paris, avec des gardes du corps partout. Est-ce que c’est vrai, ou c’est pas vrai ? »