Hamza se mange à toutes les sauces. Après le succès critique de sa mixtape « H24 », sortie en novembre dernier, le jeune rappeur bruxellois multiplie les clips. De quoi faire patienter ses fans, de plus en plus nombreux, avant un nouveau projet. Clique a rencontré le Young Thug belge.
Salut Hamza, qui es-tu ?
Je suis Hamza, j’ai 21 ans et je suis rappeur.
Tu es jeune, mais tu as déjà une petite carrière derrière toi, à quoi ressemble-t-elle ?
J’ai sorti un premier projet très jeune, avec mon groupe « Kilogrammes Gang », une mixtape qui s’appelait « Gotham City ». J’en ai ensuite sorti une en solo en 2013, « Recto Verso », mais qui n’a pas fait beaucoup de bruit. Je me cherchais encore, et j’ai beaucoup taffé avant de pouvoir sortir « H24 » fin 2015.
Tu peux nous en dire un peu plus sur ton groupe ?
C’est très simple, ce groupe était composé de gars de mon quartier, des gens avec qui j’ai grandi. Du coup ça s’est fait naturellement. Après, chacun a pris sa route, mais pour des raisons personnelles, c’est pas très important… Ensuite, entre 2013 et 2015 je me suis retrouvé avec des galères de studio. Je ne trouvais plus où enregistrer. J’écoutais beaucoup de musique, je taffais, j’essayais de faire évoluer mon son. J’ai fini par rencontrer une nouvelle équipe, avec qui je suis toujours.
Aujourd’hui, avec un peu plus de recul, comment tu regardes tes débuts ?
Je n’ai pas l’impression d’avoir radicalement changé.
« On sent qu’il y a une évolution, et que l’évolution est cohérente. Ce que je faisais avant n’est pas non plus à des lustres de ce que je fais aujourd’hui »
Après bien sûr, c’était beaucoup moins poussé dans la recherche musicale. Je me suis amélioré là dessus.
Avant de revenir à tes projets actuels, je voudrais un peu plus comprendre comment tu es tombé dans le rap et comment tu travailles. Tu fais tout toi-même, c’est bien ça ? Comment as-tu appris ?
Avec les logiciels comme tout le monde. Dès mes 14 ans j’ai saigné Fruity Loops (ndlr : devenu FL Studio, ce logiciel de création de musique électronique est utilisé par de nombreux producteurs de hip hop, dont Metro Boomin ou encore Mike Will Made It). C’était les débuts, les jeunes commençaient à faire des prods avec ce genre de trucs. Ça m’a toujours intéressé de faire mes compos.
« Quand tu composes, tu es comme un chef d’orchestre, ou un chef tout court. Tu choisis les ingrédients pour faire ta propre recette. »
Comment tu cuisines ?
Toujours la composition d’abord. J’ai parfois des petites mélodies qui me viennent en tête, je les enregistre sur mon téléphone, mais souvent, tout se fait en studio. J’y passe énormément de temps. Quand je fais une instru, je rentre dans une atmosphère. Je peux me retrouver dans un club dans ma tête. J’imagine des scènes, des situations, et il faut que je les explique. Je chante tout de suite par dessus, et je cherche un peu ce que je vais poser.
Et les textes ? Comment as-tu commencé à poser ?
J’ai du beaucoup bosser pour comprendre Fruity Loops au début. Comment créer un beat, comment jouer avec les sonorités, les rythmes etc… Aujourd’hui je pose sans problème dessus, je suis de plus en plus en confiance.
Qui t’a inspiré ?
À l’époque, c’était un rappeur qui s’appelait Croms dans mon quartier qui m’a donné envie de rapper. Il faisait des freestyles au parc, c’était dingue. Ensuite ça a été 50 Cent vraiment. Directement des inspirations américaines. Niveau français, j’ai surtout écouté Booba, mais pas vraiment plus. J’étais surtout concentré sur les States. Nate Dogg, et vraiment 50 Cent. Il était constant, il sortait plein d’albums.
À quel point tu mets du vécu dans ta musique ?
C’est du 50/50. J’ai grandi à Bruxelles, dans le quartier Bockstael, « Bobox », dans la commune de Laeken. J’ai baigné dans une culture mixte. J’ai eu mes épreuves, je n’ai pas terminé mes études, j’ai vécu avec des mecs un peu chauds… J’ai vu un peu tout ça, sans forcément faire toutes les merdes qui vont avec.
« Je le dis tout le temps, je suis clairement dans un personnage. »
Autour de ce personnage, bien sûr, les choses que j’ai vu m’inspirent.
Comment tu as évolué depuis le gamin de Bruxelles qui découvrait 50 cent ?
Bien j’espère. J’ai jamais pris de cours de chant, je me débrouille avec de l’autotune. Ce qui m’a poussé, c’est la recherche de nouvelles sonorités, de nouveaux noms qui sortent. C’est ça qui m’inspire.
C’est comme ça que t’as découvert Young Thug j’imagine. C’était quand ?
En 2013. Je crois qu’il avait sorti son deuxième ou troisième clip, « Some More ». Je l’ai découvert tout seul d’abord, sans le Rich Gang.
Qu’est-ce qui t’a parlé chez lui ?
Sa manière de jouer avec sa voix, ses mélodies, sa dégaine de ouf. C’est un tout. J’ai accroché tout de suite et je suis l’artiste de près depuis. Il surprend, c’est ça qui me plaît. Ses mélodies, quand tu les entends, tu ne te dis pas « j’aurais pu la sortir », elles ne sont pas évidentes.
J’imagine que tu cherchais ce genre de complexité dans les mélodies pour « H24 ». Comment ça s’est passé d’ailleurs ?
Je suis rentré en studio l’année passée en septembre. En deux mois, on a enregistré une centaine de morceaux. On avait plein de matière, donc on avait le choix. « H24 », c’est un délire par rapport au fait que je fais ça tous les jours : je vais en studio, je compose, je ne m’arrête pas.
Deux mois, une centaine de morceaux, c’est rapide. Tu as ça en commun avec certains rappeurs américains, comme Young Thug d’ailleurs, ou Fetty Wap. Comme eux, tu sembles aussi vouloir créer une vraie esthétique autour de ton personnage, particulièrement dans tes clips. C’est volontaire ?
Carrément. L’image c’est important, la musique va avec. Moi quand j’écris, c’est déjà très imagé.
« Quand j’écoute une instru j’ai des images en tête. Donc je trouve ça important de donner une esthétique cohérente par la suite. »
Pour les clips, j’ai bossé avec pas mal de gens différents pour l’instant. Mais sur les derniers, j’ai travaillé avec un mec s’appelle Franck Luckaz, qui a fait « Mula », « La Sauce » et « Hola Que Pasa ». On verra comment évolue notre collaboration.
Et la scène, ça se passe ?
Je kiffe. C’est le seul moment où tu es près de ton public. Il faut avoir des moments de connexion comme ça. L’important c’est qu’ils repartent en paix. Être sur scène c’est bien, mais après marquer les gens sur scène c’est autre chose.
Ton premier album, « Zombie Life » devrait sortir bientôt. Après le succès d’« H24 », à quoi tu t’attends ?
J’attends beaucoup de retours. Cet album là ne va pas pas être gratuit. Il faut habituer le public petit à petit, il faut bien vivre. Après j’attends aussi beaucoup de critiques, en bien ou en mal. On en a déjà eu plein, mais je pense qu’on peut en avoir encore beaucoup plus. C’est ça qui permet d’avancer.