Il en aura fallu du temps. Le groupe Armani, propriétaire des marques Giorgio Armani, Emperio Armani, Armani Jeans et Armani Exchange, a annoncé mardi 22 mars, que ses prochaines collections seront exemptes de vraies fourrures, dès la fin de la saison 2016.
Avec cette décision, Armani suit les pas de ses compères Ralph Lauren, Vivienne Westwood, Clavin Klein ou Topshop qui ont eux, déjà appliqué cette règle. Conviction personnelle ou décision marketing ? si les motivations de ce choix sont flous, ils s’inscrivent dans une période qui voit s’amplifier, sur les réseaux sociaux, les actions des associations de défense d’animaux telles que L214 ou PETA (notamment grâce à de nombreuses vidéos choc).
La campagne la plus récente a mis en scène le chanteur Pete Doherty, qui s’est fait la voix de la PETA. En 2012, il collaborait avec The Kooples, le temps d’une collection capsule . Le 9 mars dernier, il réclamait dans une lettre à ses dirigeants l’arrêt de l’utilisation de fourrure dans toutes les collections de la marque française.
Le chanteur @petedoherty demande à @The_Kooples de rompre avec la fourrure. pic.twitter.com/Gty0oDF1gU
— PETA France (@PETA_France) 16 mars 2016
« Il est évident que la vie entière de ces animaux est faite de torture, entre les cages minuscules où ils sont enfermés et leur mort lente et douloureuse. Et tout ça pour la mode? C’est du grand n’importe quoi » s’insurgait-il.
Cette mobilisation sur les réseaux sociaux, de la part des internautes, de célébrités et des associations, s’accompagne d’une tendance de fond initiée par les créateurs eux-même, et dont Stella McCartney est la pionnière. Avec sa politique anti-cuir et anti-fourrure, la styliste est devenue une référence en matière de mode éco-responsable. Elle va même, dans la fabrication de ses chaussures ou de ses sacs, jusqu’à bannir l’utilisation de colle contenant de traces animales.
Réel modèle pour ses confrères, Stella McCartney a inventé en 2013 un « cuir vegan » en mélange de fibres, et de fausses fourrures plus vraies que nature. Alors que de nombreuses maisons invoquaient la piètre qualité de la fausse fourrure pour ne pas changer leurs politiques, la renommée internationale de Stella McCartney et son succès commercial les ont amenés à revenir sur leur position. Grâce à la créatrice, c’est une mode consciente, dite « vegan », qui a vu le jour, appuyée par de nombreuses personnalités (comme Pharrell Williams ou Alexa Chung).
« Fourrure sans fourrure », pouvait-on lire sur l’une des pièces d’un d’un défilé de Stella McCartney lors de la présetation de sa collection automne-hiver à la Fashion Week de Paris 2015.
Le succès du « vegan » dans la mode s’explique par « une double évolution [du] marché : des matériaux novateurs et raffinés ainsi qu’un changement radical de la perception de cette cause », comme l’affirmait la créatrice Amélie Pichard en janvier dans les pages du M – le magazine du Monde.
S’il s’agit d’un pas considérable dans une industrie traditionnellement réticente à l’abandon de la fourrure (plus que jamais présente sur les podiums en ce moment), le spectre de l’hypocrisie n’est jamais bien loin.Voyez donc Khloé, l’une des soeurs du clan Kardashian qui avait posé pour une campagne anti-fourrure en 2008. En février dernier, elle s’affichait pourtant accoutrée d’un manteau rose à poils au dernier défilé « Yeezy » de Kanye West… Vraie ou fausse fourrure ? La question plane.
Yeezy taught me Une photo publiée par Khloé (@khloekardashian) le
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