Instagram, c’est le réseau social où on publie ses instantanés de vacances, le cadeau qu’on a reçu pour la fête des mères ou sa dernière acquisition chez Foot Locker (coucou les #sneakersaddict), mais pas seulement. Et si le culte du corps y a toute sa place, les « régimeuses », elles, veulent en faire un outil d’entraide et de vivre-mieux.
Très différentes du mouvement proana (qui prône l’anorexie et la maigreur extrême) des filles, plus ou moins jeunes, mères au foyer, étudiantes ou cadres dynamiques ont choisi de publier leur parcours de perte de poids. Une communauté active et solidaire composée en majorité de femmes, qui a trouvé en Instagram une vitrine pour partager ses objectifs physiques.
Bienvenue dans le monde des régimeuses. C’est par ce nom de communauté devenu mot clef sur Instagram qu’on peut les reconnaître. Mouvement mondial mais hashtag bien de chez nous. Ces filles ont décidé un beau jour de se reprendre en main. Elles sont obèses ou en surpoids et ne veulent pas le rester. Ça commence souvent par un profil anonyme avec une première publication : la fameuse photo « avant » où on voit la fille sans fards, en sous-vêtement ou tenue de sport avec pour légende la date du jour, le poids de la régimeuse et un petit texte qui confirme la volonté de perdre ces kilos qui l’empêchent de s’épanouir. La biographie du compte reprend souvent les mensurations et les objectifs à atteindre. S’ensuit une vague de commentaires d’encouragement, les régimeuses se retrouvant entre elles via les hastags #maigrir #pertedepoids #régimeuse etc.
C’est tout un monde d’entraide et de bienveillance qui émane de cette communauté. Le succès de ce phénomène réside dans la difficulté pour certaines femmes de franchir le pas des professionnels de santé : la peur du jugement, la pudeur, des honoraires prohibitifs ou mal remboursés sont autant de freins qui vont les pousser vers Instagram. Du « coaching » gratuit mais non encadré par des professionnels. Les filles se contenteront de la démarche empirique et de l’expérience d’autres régimeuses qui ont réussi à perdre 10, 20, 30, ou encore 50 kg.
Ces femmes ne vivent en effet pas leur rééquilibrage alimentaire de manière isolée : elles postent leurs recettes, leurs exercices de gym, leurs astuces pour ne pas « craquer », leurs courbes de poids ou encore des petites phrases censées motiver appelées des ‘motivational quotes’ comme « tu te remercieras dans 6 mois », « lorsque quelqu’un me sous-estime, j’ai une raison de plus pour réussir ». En cas de « craquage », point de mise au pilori. Encore une fois, c’est une communauté bienveillante, presque familiale. Les filles en proie à leur vieux démon ont trouvé une oreille à qui se confier sans être fustigées.
« Du soutien et beaucoup d’entraide » : c’est ce que Julia nous confie avoir trouvé en s’inscrivant sur instgram sous le pseudo je_veux_maigrir_heureuse dans le but de perdre du poids. Suivie par une diététicienne, elle a tout de même senti le besoin de s’inscrire sur le réseau pour y trouver un soutien.
« Avec les filles, on se comprend même si on n’a pas la même vie » nous avoue Julia, « certaines filles sont même devenues des amies ».
La création de son compte Instagram orienté « perte de poids » s’est fait en en voyant d’autres comptes sur ce même créneau. La jeune maman de 24 ans originaire de Marseille nous raconte :
« on se retrouve toutes dans cet objectif de perte de poids, c’est ce qui nous lie »
Le phénomène prenant de l’ampleur, des marques inspirées s’intéressent de plus en plus à ces jeunes femmes à l’audience ciblée. Julia nous glisse : « quand je suis tombée enceinte, j’ai eu plein de demandes, des huiles pour le corps, des marques de prêt à porter pour les rondes… ».
La « régimeuse » ayant atteint ou presque son « goal weight » (objectif de poids) postera la fameuse photo « après » synonyme de victoire, d’accomplissement et de motivation pour toutes celles qui commencent ce périple. Une fois que la perte de poids devient évidente et quasi aboutie, on parle de « transformation ».
Ici : une évolution.
Certaines régimeuses ont atteint une telle expertise dans le domaine de la diététique qu’elles sont devenues des pointures dans le milieu à l’image d’Hélène, une Française qui poste sous le pseudo myweightlossfr et qui a perdu près de 70 kilos.
Red pepper, green pepper, eggplant, onion and chicken. Bon appétit ?
Une photo publiée par Hélène?? (@myweightlossfr) le
Elle a raconté son combat contre l’obésité d’abord sur Instagram puis a fini par sortir un e-book « Le cœur souriant » que l’on peut commander sur son site, toujours dans le but d’aider et de motiver son prochain, et pourquoi pas faire un peu de sous. Merci Internet.