À 29 ans, Nigel Sylvester peut se targuer d'être une légende de New-York, un de ces visages qui représente à lui seul toute l'énergie et l'effervescence de la Grande Pomme. Toujours en mouvement sur son BMX, l'athlète n'a de cesse de repousser les limites de la créativité mêlant ainsi acrobaties et culture hip-hop. Loin des compétitions, dont il s'est retiré, Nigel Sylvester a décidé de suivre sa propre piste avec un seul et même objectif : créer du contenu artistique sans se soucier de la concurrence.
Qui es-tu ?
Je suis un coureur cycliste professionnel depuis dix ans. Je suis originaire de la partie jamaïcaine du Queens à New-York. J’ai grandi en arpentant mon quartier à vélo et j’adorais déjà ça.
Nigel Sylvester avec Pharrell Williams.
Comment pourrais-tu te présenter ?
Je me décrirais comme comme un jeune qui aime l’aventure, curieux. J’ai envie de pouvoir explorer cette curiosité à fond, pouvoir mettre sur pied mes idées et réaliser mes rêves.
Comment as tu découvert l’univers du BMX ?
J’ai découvert le monde du BMX comme à-peu-près tous les enfants du monde. Comme tous les enfants du monde, tu as envie d’aller d’un point A à un point B le plus rapidement possible, et le vélo était l’objet à avoir. J’y ai aussi trouvé le moyen de m’exprimer. En apprenant à faire du vélo, j’ai découvert une nouvelle liberté, une indépendance nouvelle s’offrait à moi. Et c’est quelque chose que je n’ai jamais voulu laisser filer.
Le vélo fait maintenant partie de moi, de mon identité.
Choisir le vélo comme plan de carrière n’a pas été trop dur ?
Pour tout avouer c’était plutôt facile pour moi. Lorsque j’étais en cours, je savais que ce qui je faisais ne me plaisait pas, et je passais tout mon temps libre sur un vélo, donc lorsque j’ai eu l’opportunité de passer pro je n’ai pas hésité une seule seconde. C’était mon rêve qui devenait enfin réalité. Et j’ai décidé de le prendre à bras le corps et tout donner. Je suis heureux de l’avoir fait, car c’est grâce à cela que je suis ici aujourd’hui.
En 2014, Nigel Sylvester a fait partie des sportifs célébrés par le magazine américain ESPN pour le légendaire « Body Issue ». © Carlos Serrao.
Est-ce que ton choix de vie a été compris par ton entourage ?
C’était vraiment compliqué pour ma famille ou certains de mes amis de comprendre le fait que je vivrais du vélo, que je ferais carrière dans ce milieu. Ils ont dû s’y habituer. Il n’y avait aucun autre sportif professionnel dans ma famille, ou dans mon voisinage : ils ne pensaient pas que c’était tout simplement possible. J’ai dû me battre encore plus pour leur prouver que je n’avais pas fait le mauvais choix. C’était une constante force de motivation pour moi. Je ne pouvais pas rentrer à la maison les mains vides, ou en ayant perdu. Il fallait que je réussisse par tous les moyens.
Tu as cessé les compétitions alors que tu es encore très jeune, pourquoi?
Le BMX à New-York est une chose très différente du BMX dans le reste du monde. Et dans la street-culture new-yorkaise, la compétition n’est pas quelque chose sur laquelle on a mis beaucoup d’importance. Pour nous, grandir à New-York se résumait à sortir dehors, s’amuser et surtout créer plus que se mesurer aux autres.
La compétition ne faisait pas partie de ces expériences. Je me suis retrouvé dans un état d’esprit où je voulais créer du contenu et faire des vidéos, des court-métrages.
Et c’est marrant parce que si tu observes l’environnement aujourd’hui, tout est devenue source de contenu. Tout est bon pour faire une vidéo. Et à mon avis, les gens ne s’intéressent plus tellement à la compétition mais plus à la création à notre capacité à apporter quelque chose de neuf. Donc je pense que je suis à la bonne place, je ne fais que suivre mon coeur, et c’est grâce à cet instinct que j’en suis là.
Tu as décidé de te concentrer sur la création de vidéos, avec qui travailles-tu ?
Actuellement je travaille avec de nouveaux vidéastes, de nouveaux réalisateurs, comme Harisson Boyce avec qui j’ai créé beaucoup de films. J’ai travaillé avec Jaime Sanchez, qui est incroyable. Il y’a aussi 13th Witness qui fait du super travail. Et c’est incroyable car chacun d’entre eux a son propre regard et met en avant quelque chose de différent à chaque fois.
Je suis extrêmement chanceux d’avoir cette bande autour de moi : lorsque je sors traîner à New-York, il peut toujours se passer quelque chose.
Le dernier fait d’armes de Nigel : Go! Une série de vidéos qui proposent une balade urbaine filmée à la première personne.
Quel était le but avec « Go! » ?
Amener les gens à partager ce que ça fait d’être sur un BMX et de rider comme je le fais, et dans des endroits où ils n’auraient pas l’habitude d’aller. Je voulais donner aux gens un peu plus d’accès à ma vie, mais en le faisant de manière artistique et créative. Et je vais tenter d’en faire le plus possible dans des villes différentes pour que les gens se reconnaissent encore un peu plus dans la façon que j’ai de parcourir leurs villes.
Après New-York, c’est à Los-Angeles que Nigel Sylvester a décidé de pédaler pour le deuxième épisode de sa série « Go! ».
Outre ces vidéastes, tu as beaucoup collaboré avec un certain Levi Maestro, grâce à qui, beaucoup t’ont découvert …
Levi était à New-York, et on s’est rencontré grâce à un ami commun, et on a tout de suite accroché. On partage les mêmes valeurs et les mêmes buts, et donc on est donc devenu très vite connectés, moi sur mon BMX et lui me filmant sur son skate. On est devenu ami naturellement. À chaque fois que j’avais une idée on la réalisait et vice-versa. Et je sais que je serai proche de lui pour le reste de ma vie. On a tenté de faire des vidéos très cool et les gens ont été très réceptifs, l’accueil a été incroyable.
C’est toujours magique de faire équipe avec des gens qui voient le monde comme tu le vois, et que tu aies l’opportunité de créer à leurs côtés.
Le journaliste californien Levi Maestro a consacré un épisode à Nigel Sylvester dans sa série pour la chaîne Fox Sports.
Tu partages énormément sur tes réseaux sociaux et ton mode de vie entre sport et style inspire énormément de jeunes, tes deux dernières vidéos ont dépassé le million de vues …
J’adore les réseaux sociaux car tu peux être connecté directement avec tes fans et avoir un dialogue honnête. Tout ce que je veux c’est promouvoir la positivité, partager ma passion et mes rêves avec le monde. J’apprécie et prends à bras le corps le fait que je puisse inspirer des jeunes et des gens partout dans le monde.
Le Bling Bling de Nigel.
Des exemples de modèles ?
J’ai toujours été inspiré par des gens comme Jay-Z, Pharrell, Kanye, Michael Jordan, Michael Jackson : des légendes de leur discipline. Leur travail, qu’il soit artistique ou sportif, m’a permis de vraiment savoir ce que je voulais faire, et me dire que je peux à mon tour inspirer d’autres jeunes, c’est juste fou.
Nygel et Pharrell ensemble à New-York sur leur BMX.
Tu revendiques une forte connexion avec la culture hip-hop, comment cela se matérialise chez toi ?
Le hip-hop est un état d’esprit, un mode de vie. C’est une culture, une communauté. Un truc auquel je suis attaché à beaucoup trop de niveaux. En grandissant dans le Queens, le hip-hop m’entourait au quotidien, que ce soit à travers la musique, les magazines, la façon dont on s’habille, dont on parlait. Et cela touche encore ma vie de tous les jours aujourd’hui.
Je suis et je reste un enfant du hip-hop. Donc lorsqu’il s’agit du BMX, j’essaie de mixer mes influences hip-hop à ma façon de rouler.
Je représente tout ce qui fait ma force. Je représente ma famille, mes amis, le hip-hop, le Queens, New-York, le BMX dans son ensemble … En fait je représente tout ce qui est proche de moi et qui me tient à coeur.
Comment vois tu ton futur… à soixante ans, toujours sur un vélo?
Si Dieu le veut, j’espère que oui ! Je veux rester sur mon vélo le plus longtemps possible. Je veux surtout continuer à créer du contenu, et mettre sur pied mes idées.
Il y a d’autres choses que j’aimerais faire au-delà du monde du BMX, comme par exemple toucher à l’art.
Mais j’ai en même temps envie de rendre au BMX ce qu’il m’a donné, c’est très important pour moi. J’ai toujours eu des idées très différentes et j’ai toujours de nouveaux rêves et de nouveaux objectifs qui me viennent quasiment tous les jours, donc j’ai juste envie de continuer à faire ce que j’aime.
Happy Born Day King. @mrflawless1 ? Photo: @vanstyles
Une photo publiée par nigelsylvester (@nigelsylvester) le
À quand un retour en France ?
Très prochainement ! J’espère qu’un jour je pourrais faire un« Go! » Paris.« Go! » est super important pour moi. C’est un projet qui me tient vraiment à coeur. J’essaie de continuer à faire vivre cette série de vidéos du mieux que possible. C’est pour ça que j’aimerais le faire dans le plus de ville et de pays possible et continuer à donner aux gens toute l’énergie qu’il y a dans « Go! ».
Quelle sera la prochaine ville que tu arpenteras ?
C’est une surprise ! Ce sera peut-être en France !