« Les jaloux saboteurs aux yeux de crocodile
Veulent mon échec, souhaitent ma misère !
Hé hé hé, voilà mon problème »
« Les jaloux saboteurs » est le plus grand succès de Maître Gazonga (Ahamat Salet Rougalta, de son vrai nom), celui qui l’a fait connaître à l’international. Le morceau, qui évoque sa difficulté à s’intégrer à l’étranger, est enregistré en 1984 en Côte d’Ivoire, à Abidjan. Pour le chanteur tchadien, ce n’est pourtant qu’un exil temporaire : cela fait près de 20 ans qu’il sillonne les routes de son pays avec son orchestre, l’International Challal.
Là-bas, il s’est rendu célèbre autant par sa musique que par son mode opératoire : lorsqu’il se produit dans les zones rurales, il propose aux personnes venues assister à son spectacle de payer leurs entrées avec des biens alimentaires (des céréales, du poisson séché…), plutôt qu’avec de l’argent. Il récupère les denrées, les revend sur le marché de Ndjaména, la capitale du pays, paie ses musiciens… et puis tout le monde repart sur les routes, et ainsi de suite.
Cette passion pour la musique et les habitants de son pays explique, entre autres, pourquoi le personnage est devenu légendaire dans le paysage musical tchadien. On l’aime d’ailleurs tellement que lorsqu’il meurt, le 1er avril 2006, personne ne veut croire à la nouvelle et s’évertue à penser, avant qu’elle soit confirmée, qu’il s’agit d’un mauvais poisson d’avril.