À 66 ans, l'ancien directeur de France 2 se reconvertit dans la musique : "Vive la chanson pour vieux !"
L’histoire de Jean Réveillon me fait penser à cette vieille pub où un salarié, trop heureux d’avoir décroché le gros lot au loto, rend visite à ses anciens collègues en plein conseil de direction en chantant: » Au revoir, Président ! »
Imaginez la même scène, sauf qu’à la place du salarié, c’est le big boss qui s’en va en chantant. Ce boss, c’était le mien à France 2. Jean Réveillon, presque 50 ans de journalisme, dont la moitié à France Télévisions, s’en est allé le jour de ses 65 ans. Le 22 avril 2013, comme il l’avait promis à Rémy Pfimlin, PDG du groupe, il a changé de vie, dévoilant une passion jusqu’ici inconnue du grand public: la musique. Au moment des adieux, autant le dire franchement, bien peu croyaient à une telle reconversion. N’y avait-il pas eu le précédent Christophe Hondelatte ? Seulement un an après son départ, Jean Réveillon a relevé son fou défi. Il y a quelques jours, il m’a envoyé un message, m’invitant à découvrir son premier clip.
Choc. Stupéfaction. Admiration. Mon ancien patron joue les crooners aux côtés d’un compère aux faux airs de Michel Drucker.
Je l’appelle, il faut absolument qu’il me raconte. Nous nous retrouvons à la terrasse chauffée d’un café avenue de la grande armée à Paris.
Il porte un blouson en cuir, comme Christophe Hondelatte. Rien à voir pourtant. Son style à lui, c’est le « schlager », un genre qui cartonne en Europe du Nord.
Originaire du Nord-Pas-de-Calais, Jean Réveillon connaît bien cette musique populaire qui a bercé sa jeunesse. Son ami d’enfance, l’accordéoniste Michel Pruvot en joue toujours. Ces deux-là ne se sont jamais perdus de vue. Un jour, ils se sont promis d’en faire ensemble. C’est cette promesse à Michel qui a donné naissance au duo « Michel et Jean ». Michel à la compo, et Jean à l’écriture. « Des vraies chansons pour vieux ! s’amuse Jean. Et ça ne le dérange pas ?
« Au contraire, ce sont des chansons pour les gens de ma génération. On ne propose plus rien de nouveau aux seniors. Aujourd’hui ils se nourrissent de leur nostalgie, avec des reprises plus ou moins heureuses. Il n’y a qu’à voir le succès de la tournée « Age tendre et tête de bois » (NDLR: la 9ème saison a commencé cet automne) pour se rendre compte qu’il y a un vrai public. Toutes les radios dites commerciales veulent de la musique pour les moins de 50 ans. Et nous alors ? Il y a un créneau, et je le prends bien volontiers. Oui, je suis un chanteur pour vieux et je revendique cette culture populaire, comme je l’ai fait pendant toutes mes années à France télévisions. »
À cet instant précis passe devant nous Philippe Lavil. Heureuse coïncidence. Le chanteur s’arrête, claque la bise à son ami, finit par s’asseoir avec nous. Il connaît la nouvelle carrière de Jean Réveillon. Lui vient de terminer une tournée, travaille sur un nouveau album mais « sans partenaire média, c’est difficile ».
« Je n’ai aucun partenaire média, et je n’ai jamais donné aucun coup de fil pour en avoir, jure Jean. »
Sorti le 17 novembre chez Sony music, son premier album fait déjà le buzz. Sans aucune promotion. C’est le public qui s’en charge. Le premier concert de « Michel et Jean », à Abbeville en octobre dernier, à fait salle comble.
« À l’entracte, on a vendu 65 CD ! Il paraît que c’est beaucoup, se réjouit Jean. Notre disque se vend aussi sur les marchés du Nord. Il y a même des groupes qui font des covers de notre titre ! »
Bientôt, il y aura la comédie musicale « Sexygénaires ». Il est en train de l’écrire, en attendant un remix à la David Guetta pour l’été prochain. Première consécration, le plus grand supermarché de Saint-Omer vient de placer l’album de « Michel et Jean » en tête de gondole, entre Indochine et Patrick Bruel. Il faut bien penser aux vieux à Noël… Bon Réveillon !