Souffler dans un éthylotest avant même d’avoir mis un pied dans le club. Cela peut paraître incongru, mais c’est le principe de Sober. Dans ce nouveau genre de soirées lancées à Stockholm en septembre dernier, l’alcool est strictement interdit. Les fêtes ont lieu au Södra Teatern, un club de Södermalm, le quartier du sud de la capitale estampillé « arty ». Il n’y en a eu que deux pour l’instant, mais déjà, on s’y bouscule (avis aux intéressés : la troisième a lieu ce vendredi 26 décembre). À chaque édition, raconte le quotidien Dagens Nyheter, plus de 800 fêtards se ruent sur la bière sans alcool et les jus en tout genre, qui sont servis en lieu et place des spiritueux ordinaires.
Au premier abord, le succès d’une telle initiative a de quoi surprendre. Certes, la vente d’alcool est très encadrée en Suède (elle est autorisée à partir de 21 ans et confinée à une sorte d’épicerie d’État, le Systembolaget), mais le pays est un habitué notoire du binge-drinking, ou « biture intensive ». Il suffit d’observer le métro de Stockholm un vendredi soir pour s’en rendre compte. Connu pour ses rames silencieuses, il change du tout au tout le week-end : dès le vendredi soir le volume monte, les conversations s’animent, et l’excès se lit sur les visages. Ces moments sont circonscrits, mais tout de même bien ancrés dans les pratiques.
Slate.com consacrait en novembre un reportage (en anglais) aux soirées Sober. Mårten Andersson, leur créateur, y admettait sans mal que longtemps, lui-même a eu l’alcool facile. Il a lancé les Sober Parties pour prôner la modération, mais de façon ludique. Et cela fonctionne : d’après Slate, le concept a déjà été reproduit dans divers clubs de Suède.
Depuis 2010, à Stockholm, il existe déjà des fêtes sans alcool, les Lunch Beat Parties. À l’heure du déjeuner, on y danse sandwich à la main, pour évacuer le stress de la journée. Mais de là à voir dans ces « happenings » une tendance durable en Suède, la mesure est de rigueur : le Södra Teatern n’est que l’un des clubs parmi les centaines (au moins) que compte la capitale… Et ce n’est pas demain que ceux-là freineront les assoiffés.
Bonus : Dansa Pausa de Panetoz, le Magic System suédois