Ce soir, c’est sur la pelouse historique du Red Star FC, au stade Bauer de Saint-Ouen, que Mouloud Achour pose le plateau du Gros Journal pour recevoir Pauline Gamerre, sa directrice. À 33 ans seulement, après une enfance à Marseille et un passage par Sciences Po, Pauline Gamerre est devenue la première femme à prendre la tête d’un club de football en France.
Elle nous raconte la fierté de diriger le plus vieux club de la capitale – 120 ans cette année – un club profondément ancré en Seine-Saint-Denis, qui jour après jour met en pratique des convictions sociales et culturelles, au travers par exemple du Red Star Lab, ses ateliers culturels pour enfants. Elle nous parle des ambitions du club et adresse un message à François Hollande, fan n°1 du Red Star, en cette période de mercato…
Le Gros Journal avec Pauline Gamerre , l… par legrosjournal
Mouloud : Comment ça va Pauline ?
Super bien, au chaud, sous le soleil ! Tout va bien !
Comment est-ce que je dois t’appeler, Présidente ?
Pauline, c’est très bien !
Alors, Pauline, où est-ce qu’on est ici ?
On est au coeur du Red Star, au Stade Bauer, malheureusement on ne peut plus y jouer nos matchs de Ligue 2…
Pourquoi ?
Parce qu’il n’est pas aux normes…
D’accord !
Donc, on joue à Jean Bouin, c’est un peu loin, on va dans le 16e deux fois par mois !
Donc, du 9-3 au 16e, ici on est dans le 9-3, le 93, il y a des enfants qui s’entraînent derrière, des petites filles.
C’est un stade qui vit tous les jours, avec l’ensemble des licenciés du club, les jeunes footballeurs, les jeunes footballeuses.
Le Red Star, c’est 200 ans d’existence.
120 !
120 ans, cette année le Red Star c’est les 120 ans !
On sera là pour les 200 ans, mais pour l’instant c’est 120, le 12 mars.
Est-ce que tu peux expliquer la particularité du Red Star ? Pourquoi est-ce que ce club est beaucoup plus important qu’un autre ?
C’est un club qui a toujours eu une conviction sociale, culturelle authentique et inscrite dans un territoire.
C’est facile de dire : on ne forme pas uniquement des footballeurs, mais aussi des hommes et des femmes…chez nous, c’est vital ! On a envie que la Seine-Saint-Denis soit fière de nous, on a envie que les banlieues françaises soient fières de nous et que les joueurs soient fiers d’être ici.
Parce que le Red Star, ça représente Paris, c’est le deuxième club de Paris comme tu viens de le dire, ça représente tous les quartiers populaires français. Il y a un truc d’affect avec ce club et avec tous les mecs de quartiers. Ils te disent “non, non, le Red Star, respect”. Il y a pas de rivalité OM-PSG quand il est question du Red Star.
Alors c’est vrai qu’on est le seul club en France à pas avoir le nom du territoire dans le nom du club. Même si on est profondément ancrés dans notre territoire. C’est un territoire mais c’est surtout des valeurs, c’est une adhésion, c’est un affect, c’est un attachement. Quand on rentre ici la première fois, il y a quelque chose qui se passe, il y a un ressenti. Moi, je suis marseillaise et pourtant maintenant je me sens redstarienne.
Alors, on va justement en venir à ton histoire, qui est quand même assez incroyable. T’as grandi à Marseille, t’as fait Sciences Po, et t’es allée dans le foot.
Je suis allée au Red Star, petite différence !
Voilà, tout en étant passée par Dailymotion.
Exactement… J’adore le foot, j’ai été abonnée toute petite pendant longtemps, j’ai joué en haut de la Canebière à Belsunce… j’adore ça ! Mais je n’avais pas forcément vocation à y bosser. Et puis quand j’étais chez Dailymotion, j’ai signé un contrat avec le Red Star. Et je suis entrée par ici, comme toi, je suis passée par le tunnel des joueurs, je suis arrivée sur la pelouse, j’ai vu ces gamins s’entraîner. Et je me suis dit, ah tiens, le projet ici a du sens ! Si on réussit ici, et on va réussir ici, on va faire quelque chose qui marquera l’histoire du territoire, et qui fera du bien au football français.
Souvent quand on dit foot et réussite, on pense argent. j’ai l’impression qu’au Red Star vous inculquez d’autres valeurs aux mômes ?
C’est vrai que dans le football on a l’impression que plus il y a d’argent, plus il y a de problèmes. Au Red Star, du coup, il y a pas trop de problèmes !
Parce qu’il n’y a pas trop d’argent
Pauline : Pour l’instant ça va ! Bien sûr qu’on va en passer par là, qu’il y a des questions financières, parce que pour faire vivre un club, il en faut, de l’argent ! Maintenant il faut essayer de rester collés à la réalité, nous nos joueurs pro viennent tous les mercredi après-midi coacher les gamins. C’est pas grand-chose en soi, le capitaine la dernière fois qu’il est venu, il est venu avec des ballons. Eh ben, quand c’est le capitaine qui les offre, on ne perd pas les ballons !
Est-ce que le foot business, c’est quelque chose qui permet de s’épanouir, personnellement, quand on est un jeune ?
Ici, ce n’est pas le cas, donc j’aurais du mal à répondre à une question que je maîtrise pas bien. moi, c’est la foot culture qui leur permet de s’épanouir !
C’est là où je voulais en venir, c’est quoi la foot culture ?
Pauline : Par exemple, lors de chaque vacances scolaires, on a un label qui s’appelle le Red Star Lab où le matin ils font du foot – on les fatigue un peu quand même – et l’après-midi, ils découvrent une discipline artistique. Ça peut être de la peinture, ça peut être du théâtre, ça peut être de la danse, de la musique bien sûr. Et c’est vrai que dans certains territoires pour certains publics, la culture c’est pas forcément accessible ! Déjà parce qu’il n’y a pas forcément d’accès, et puis parce qu’il y a des barrières que les gamins se mettent.
C’est quoi les barrières qu’ils se mettent ?
C’est pas pour eux, la peinture c’est pas pour eux. Picasso, c’est une voiture ! Et puis finalement quand grâce au football, tu fais tomber la barrière, quand tu mets une énorme toile sur le sol, et que tu dis “ok, c’est terrain de foot exprimez vos émotions !”, tu fais tomber leurs barrières. Et je pense qu’en effet, on pense qu’on a un rôle social en le faisant, mais je pense qu’on fera des meilleurs footballeurs parce qu’un footballeur, ça peut être un artiste, c’est ce qu’on demande aussi, faut être créatif.
Il y a des joueurs qui sont passés par le Red Star, comme Raïs M’Bohli, le gardien de but de l’équipe d’Algérie. Ça l’a marqué, son passage…
Et on pourrait citer Sofiane Feghouli, ou Steve Marlet bien sur qui est le directeur sportif. Ton premier club, la première fois que tu vas dans un stade de football, quand tu es passionné du football, cela marque ta vie ! Et l’idée c’est en effet de pouvoir grandir pour que cette expérience dure le plus longtemps possible, ne plus perdre les gamins qui restent chez nous, qui jouent en pro chez nous, et que certains pros, qui ont du partir parce qu’à l’époque on était trop bas, puissent revenir. Donc Raïs, si tu nous entends, tu es le bienvenu !
Il y a un supporter du Red Star, qui est François Hollande, qui est le fan numéro 1. On sait qu’il n’aura plus de boulot dans quelques temps, est-ce que tu as une annonce à lui passer ? Vu que c’est la période du mercato… François Hollande ?
Bah on cherche un attaquant, donc je crois que c’est le poste de formation. On va faire un essai d’abord, mais bienvenue !
On parle de Sarkozy au PSG, pourquoi pas Hollande au Red Star ?
Écoute… Joker !
Ah donc c’est dans les tuyaux ?
Non pas du tout !
Mais si !
Je ne sais pas, ce sont des métiers ! Je pense qu’il a plein de choses à faire, monsieur Hollande.
Je ne pense pas !
Non il a plein de choses à faire !
Il a quoi à faire ?
Ah non on ne sait jamais, on va attendre les présidentielles !
Pauline Gamerre, tu fais clairement partie des gens qu’on met en avant dans cette émission parce qu’ils ont une passion, parce que ça les anime et qui font du bien à tous ces gamins, donc merci beaucoup !
Merci à toi !