Vous reprendrez bien un peu d’eau de pluie mexicaine ? À 40 dollars les 60 centilitres, c’est un investissement. Voilà ce que vous coûtera une bouteille d’eau de pluie purifiée chez Casa del Agua, un bar de Mexico où l’eau se négocie plus cher que le baril de pétrole.
Sur son site, Casa del Agua revendique une production artisanale, entièrement locale et respectueuse de l’environnement. Le bar recueille la pluie qui tombe sur son toit, lui fait subir un processus de triple filtration, d’évaporation et de condensation. L’eau de pluie est ensuite reminéralisée et réoxydée. Sous les yeux des clients, elle est enfin distillée, aromatisée, ou bien mise en bouteille pour consommation ultérieure.
Le parti-pris est clair : Casa Del Agua présente l’eau comme un produit de luxe. Le bar assure que son eau de pluie bénéficie des plus hauts standards de purification. Quant aux bouteilles, elles sont évidemment recyclables, mais surtout « belles ». Vendre l’eau comme un produit d’élite n’est pas pour autant un concept nouveau : à Paris, Colette s’est doté il y a plusieurs années d’une « cave à eau », le Water Bar. Le concept store y propose plus de cinquante variétés d’eau, importées du monde entier, sélectionnées pour leur rareté, leurs propriétés et leurs saveurs.
Casa del Agua se targue de produire une eau recyclée, d’une pureté sans égale… dans l’une des villes les plus polluées au monde, Mexico. Le Mexique, en effet, est en état d’urgence environnementale, et l’eau est l’un de ses enjeux majeurs : l’été dernier encore, une fuite d’acide sulfurique dans une rivière du Nord Ouest du pays privait d’eau des dizaines de milliers de personnes, et ce pendant plusieurs semaines. Quant à l’eau potable, elle se fait rare et de plus en plus chère : selon le quotidien La Prensa, 8 millions de Mexicains peinent à y avoir accès. Difficile, dans ce contexte, de s’empêcher de grincer des dents…