Le décès le 20 juin de Prodigy, moitié du duo de rap Mobb Deep, a ébranlé le monde de la musique. Près de deux semaines plus tard, le flot d’hommages qui a accompagné la nouvelle est loin de se tarir. Le dernier en date – et certainement le plus intime – a été posté par l’un de ses deux enfants sur son compte Instagram, dimanche 2 juillet.
Albert « Prodigy » Johnson, 42 ans, a succombé à la drépanocytose, une maladie génétique qu’il combattait depuis sa naissance. Il laisse derrière lui sa femme, Ikesha « Kiki » Dudley (à propos de laquelle il adorait raconter qu’il l’aimait au point d’avoir repoussé les avances de Mary J. Blige, le soir de son anniversaire), leur fils T’Shaka, et sa fille Fahtasia Robinson, qu’il avait eue d’une précédente relation amoureuse.
C’est elle, selon toute vraisemblance (la personne qui tient la caméra a une voix féminine et très jeune), qui aurait pris la main sur le compte Instagram de son père pour y publier un hommage vidéo. Celui-ci dévoile une scène de flânerie ordinaire : une balade à vélo à Los Angeles, par une journée de printemps.
Ces quelques secondes de souvenirs sont accompagnées de la légende suivante : « Tu as une si belle âme et cela m’attriste que tant de personnes n’auront jamais la chance de rencontrer, de connaître ET d’apprécier ce côté de ta personnalité. Je t’aime papa et tu seras toujours une bénédiction pour ce monde, et dans mon coeur. Merci… tu nous manques ❤️ ».
Prodigy et sa fille, extrêmement proches l’un de l’autre, postaient régulièrement des photos d’eux sur Instagram, comme celle-ci, publiée par Fathasia le week-end de la Fête des Pères, célébrée le 18 juin aux États-Unis :
« Joyeuse Fête des Pères ! Merci d’être toujours là pour moi… Cette photo parle d’elle-même. Je t’aime papa !! »
Le rappeur, géant new-yorkais du rap, s’était rendu célèbre pour l’extrême noirceur de ses textes. Il n’hésitait pas non plus à parler de l’insoutenable souffrance qui accompagnait sa maladie, comme sur le morceau « You Can Never Feel My Pain » (« Tu ne pourras jamais ressentir ma douleur »), sorti en 2000 sur l’album H.N.I.C.
« 1974, je suis né avec la douleur. Papa et maman me l’ont passée » : dans ce morceau, Prodigy revient en longueur sur son expérience de malade et se moque de ceux qui croient souffrir, mais sont incapables de distinguer la douleur des émotions.
Avec ce post, qui complète les nombreuses photos publiées depuis des mois sur son propre compte (l’une d’elle a été prise au même moment, et avec le même appareil, que celle postée sur le profil de Prodigy) sa fille prend à contrepied cette image sombre et radicale : sa vidéo fait office de rappel à la douceur de son père, trop méconnue selon elle.
Une photographie de Prodigy et de ses enfants, postée le 28 juin par sa fille.
La simplicité et le grand cœur de Prodigy ont aussi été honorés dans le New York Times par le célèbre chef Eddie Huang. Dans un article publié au lendemain de la mort du rappeur, il revient sur leur première rencontre, son attitude de jeune fan tétanisé, la bienveillance de son interlocuteur… et l’amitié profonde qui finira par se nouer entre les deux hommes, au fil des années et de leurs rencontres.
Samedi 1er juillet, son binôme Havoc – avec lequel tout n’a pourtant pas toujours été rose – lui a rendu un vibrant hommage, lors de sa première apparition sans lui dans le New Jersey. Le jour précédent, les funérailles de Prodigy avaient été ouvertes au public sur décision de la famille, touchée par l’ampleur des manifestations d’amour à son égard. Lil Kim, 50 Cent, LL Cool J, Questlove et Fat Joe (entre autres) ont quant à eux assisté à la cérémonie privée.
Photographie à la Une – Instagram/Santanafox.