Calls, c’est une expérience auditive inédite à la télé. Une série de dix épisodes en dix minutes qui raconte des histoires d’appels, sans images. Cette création est la première lancée par Canal+ Décalé, à découvrir ce soir à 22h15.
C’est quoi du son sans image ? C’est Calls. Une série qui s’écoute dans le noir les yeux grands ouverts, comme lorsqu’on est à l’affût la nuit. Ça fait peur, oui. Pas la peur qui nous fait crier, ni celle qui nous fait pleurer, mais celle qui nous fait ventiler – paniquer. La série compile des enregistrements sonores après des événements tragiques : une conversation entre Paris et New York, une exploration sous-marine, un kidnapping, une mort imminente, etc.
L’idée est née il y a un an sur la chaîne YouTube du jeune cinéaste Timothée Hochet. Repéré par Canal +, son court métrage (480 000 vues) est adapté en série de dix épisodes de dix minutes diffusés tous les vendredis soir. « J’ai pensé à créer Calls en tombant sur un catalogue d’appels enregistrés du 911 aux États-Unis. Mes histoires sont toutes différentes, mais elles sont liées par le même thème : l’Apocalypse imminent » explique le cinéaste de 23 ans. C’est peut-être pour ça que chaque épisode commence par les lettres C-A-L-L-S en feu – la fin d’un monde qui approche.
Calls, épisode 2 « Léviathan »
Ensuite, c’est le trou noir.
Seuls les dialogues apparaissent à l’écran avec le nom des protagonistes. Même si personne ne montre sa tête, le casting est grand : François Civil, Camille Cottin, Jérémie Elkaïm, Marina Foïs, Sara Forestier, Mathieu Kassovitz, Kyan Khojandi, Charlotte Le Bon, Gaspard Ulliel… « On parle toujours du pouvoir des images, mais pour une fois, il est question d’explorer la puissance du son », poursuit Arielle Saracco, directrice du pôle création originale de Canal+, qui a été séduite par le concept. Chaque épisode a sa propre musique. La plus réussie étant celle du souffle des personnages qui suffoquent dans le coffre d’une voiture… Ou leur silence, aussi.
Dans un univers envahi par les images, l’écoute seule nous permet de nous concentrer sur nous-mêmes.
L’épisode 2, « Léviathan », raconte l’exploration sous-marine d’une grotte disparue des écrans radar. Cinq personnes parlent via leur casque de combinaison de plongée. L’expérience sensorielle fonctionne grâce au son binaural : une sorte de son 3D qui enveloppe l’auditeur. À mi-chemin entre la fiction et le réel, le dispositif « permet au téléspectateur de comprendre plus rapidement qui parle, grâce à la position de la voix dans l’espace, et de gagner en clarté dans le déroulement de l’action » précise Norman Tonnelier, le directeur artistique audio.
Étrange, mais pour apprécier vraiment ce son, il faut pouvoir le regarder chez soi ou avec un casque audio.
Oubliez la visio sur smartphone dans le RER : on a testé, certains dialogues sont étouffés, impossible de suivre sans les sous-titres. C’est ce qui fait de Calls un objet non identifié, loin des fictions sonores qui fleurissent en podcast. « Dans un univers envahi par les écrans, l’écoute seule permet de nous concentrer sur nous-mêmes », annonce le dossier de présentation du projet. C’est juste : on a l’impression de coller notre respiration à celle des personnages.
Dans l’épisode 3, « Appel enregistré 17″, une jeune femme (Sarah Forestier) compose le numéro de la police pour prévenir d’un comportement étrange en bas de chez elle. Un homme entre, dévale les escaliers et la kidnappe. Tout ça en sept minutes. L’effet de réel est quasi total, comme si c’était une seule et même séquence vécue en direct, sans montage. Tous les thèmes ne se prêtent pas à l’exercice, mais l’expérience est unique. Le spectateur se cache dans la poche de Sarah Forestier où se trouve son téléphone allumé, en ligne avec la police. Elle aura quatre minutes pour s’enfuir. Flippant, hein ?
La vision de l’Apocalypse de Timothée Hochet a le mérite de surprendre. Elle s’explore dans le noir, sans univers visuel trop spectaculaire. C’est sûrement la meilleure des façons pour vivre la fin du monde.
Découvrez ci-dessous un épisode entier de la série, gratuitement.
Calls de Timothée Hochet, produite et réalisée par Canal+ et studio Bagel, les deux premiers épisodes diffusés ce soir à 22h15 sur Canal+ Décalé.
Images à la Une : Calls.