C’est l’un des succès de l’année : la série espagnole Casa de Papel, l’histoire de huit braqueurs se lançant à l’assaut de la Fabrique nationale de la monnaie à Madrid. Sous la direction del Profesor, les protagonistes embarquent le spectateur à bord du « casse du siècle » pendant deux saisons.
La série a suscité un véritable engouement en Turquie, où plus de douze millions de personnes suivaient déjà en février les aventures de Nairobi, Tokyo et Berlin selon le journal turc Milliyet. Surfant sur son succès, Netflix a même tourné une vidéo de promotion pour la saison deux à Istanbul.
Le spot de promotion turc de la série.
« De la musique au slogan, des costumes aux lieux de tournage, ce ne sont que des messages subliminaux. Il faut lancer une enquête. » Ömer Turan – Journaliste
Pourtant, la série est accusée de véhiculer une propagande révolutionnaire. Selon l’ancien maire d’Ankara Melih Gökcek, Casa de Papel tenterait de « manipuler la jeunesse, d’utiliser les personnages [ …] comme des symboles de révolte pour créer un nouveau Gezi » comme le rapporte le Courrier International. Il fait ainsi référence au mouvement protestataire de 2013, très largement condamné par le gouvernement, à propos duquel Erdogan lui-même avait déclaré « we will not give away anything to those who live arm-in-arm with terrorism », autrement dit « nous ne cèderons rien à ceux qui avancent main dans la main avec les terroristes ».
Dans un pays où la censure est reine, et où les opposants politiques sont considérés comme « terroristes », il semblerait donc que même une série espagnole ne puisse échapper au glaive de la répression. Des personnalités attachantes, un brin de désobéissance et un hymne révolutionnaire italien auront suffi à attirer les foudres des autorités turques. Une troisième saison de Casa de Papel devrait voir le jour en 2019 sur Netflix, accessible aux abonnés Turcs espérons-le.
Image à la Une : Casa de Papel.