Est-ce que la créativité, ça s’apprend ?

Être artiste, virtuose ou tout simplement créatif on en a tous rêvé, mais peu d'entre nous le sont vraiment. Avec Sofiane Pamart, revenons sur la nécessité de pousser à la créativité dès le plus jeune âge.

La créativité consiste à avoir la capacité de percevoir le monde sous un nouvel angle, de tester de nouvelles expériences et de sortir de sa zone de confort. Cette aptitude ouvre le champ des possibles, permet de prendre confiance en soi et d’améliorer son estime de soi. Un grand nombre de clichés entoure la créativité, pour beaucoup elle n’est réservée qu’aux artistes, mais en réalité chacun peut faire de sa vie une œuvre d’art, à travers les choses les plus minimes du quotidien, la décoration de son salon, la création de contenu sur les réseaux sociaux, ou encore ses talents de cuisinier.

Bien qu’il ne soit jamais trop tard pour développer cette faculté, l’âge est un élément à prendre en compte dans le développement de la créativité. Un lien entre l’apprentissage de la musique et l’acquisition du langage chez les enfants existe, et ce sont les neurosciences qui le disent. Selon Mireille Besson, directrice de recherche pour le laboratoire de neurosciences cognitives du CNRS à l’Université d’Aix-Marseille, les enfants qui suivent tôt dans leur scolarité une initiation musicale ont plus de facilités à lire que les autres. Et oui, si vous souhaitez que votre enfant de 6 ans puisse déjà vous lire du Kundera, mettez-le au conservatoire. Ce dernier pourrait bénéficier d’une certaine appétence pour la perception des syllabes, l’intonation et la syntaxe. Mais encore faut-il avoir accès à ce genre d’opportunités.

En effet, beaucoup de structures scolaires manquent de moyens pour développer ou même s’intéresser à ces activités qu’elles jugent “secondaires”. Dans la même lignée, les enfants de familles précaires ont moins d’opportunités de se dédier à activités enclines à booster leur créativité. Dans une étude menée par l’INSEE entre 2014 et 2015, l’institut relève que seulement 9% des enfants les plus modestes pratiquent une activité sportive ou artistique. Ce qui ne manque pas d’être rappelé par Sofiane Pamart qui se remémore ses années de conservatoire, des établissements à l’abonnement souvent coûteux : “Les enfants de non-musiciens devenaient de plus en plus rares au fur et à mesure que j’avançais. Chez les familles musiciennes, il y avait une culture de la musique qui se transmettait.” Avec cet exemple de reproduction sociale dans le milieu musical, le pianiste démontre une forte corrélation entre la réussite au conservatoire et la classe sociale. Même si dans son cas, avec sa mère professeure de lettres et son père dirigeant d’un centre de langue française pour étrangers, il déclare ne pas avoir été impacté. Il explique même que cela a été une chance car il en a fait une arme :

“Je résonnais sur le classique de manière totalement différente que pouvaient le faire les personnes de famille musicienne.”

Le Piano King français l’affirme : la créativité s’encourage, elle se cultive, basée sur un apprentissage bienveillant : “Quand j’étais professeur de piano, j’essayais de construire ma pédagogie sur les talents naturels de l’enfant. Je ne mettais jamais le doigt sur ce qu’il faisait moins bien.” La confiance est le pilier de la créativité, c’est de cette manière que l’enfant peut développer au mieux son art, selon Sofiane Pamart. La créativité dès l’enfance a donc son lot de freins parfois insurmontables, mais elle ne peut qu’être encouragée, rend plus productive même dans le milieu scolaire, et ouvre les plus jeunes à de nouvelles stimulations nécessaires.

L’émission est à retrouver en replay sur myCANAL et l’interview de Sofiane Pamart est disponible sur la chaîne YouTube CliqueTV.