SMILF de Frankie Shaw est le genre de comédie qu'on ne prend pas à la légère. Bridgette est une mère célibataire de vingt ans qui vit dans le sud de Boston et bouffe la vie sans prendre le temps de la digérer. Une série à contre courant sur la maternité, où le corps est mis à rude épreuve et où le sexe est une grosse farce.
Frankie Shaw ne fait pas dans la dentelle. SMILF signifie Single Mother I’d Like To Fuck (Mère Célibataire Que J’aimerais Baiser). Un titre à l’image de la série : trash. Bridgette Bird (jouée par Frankie Shaw) est une mère célibataire de vingt ans qui a du mal à garder un job, à porter des culottes propres et à manger moins de trois paquets de chips par jour. Comme son ex-petit copain Rafi joue les papa-poules à mi-temps, Bridgette vit dans une chambre de 15 mètres carrés dans le sud de Boston – tellement bordélique qu’on ne sait pas si c’est une chambre d’enfant ou d’adolescent.
Bridgette et son fils Larry, SMILF de Frankie Shaw
Bridgette est une maman qui vit chaque jour comme une partie de basket : elle se donne à fond, challenge et vise plus ou moins juste.
SMILF s’ouvre sur Bridgette à moitié nue dans le bain avec son fils Larry. La maternité s’impose d’entrée de jeu. Pas celle qu’on apprend dans les bouquins, pleine de gazouillis, ni celle qu’on découvre dans Desperate Housewives… Celle de Frankie Shaw (réalisatrice et scénariste) a rarement été vue sur le petit écran. Cette brune aux yeux verts aime choquer, le genre de mère à laisser son fils de deux ans seul au milieu de la nuit pour aller s’acheter des cookies en courant.
Une vieille connaissance croisée à la caisse de la supérette et hop, Bridgette lui propose une petite partie de jambes en l’air sur le lit où dort Larry. Un petit pied dépasse de la couette. Le mec ne reviendra jamais.
Bridgette s’inquiète pour sa santé sexuelle (et celle de son vagin) et n’a aucun scrupule à laisser Larry dans les mains de la copine de son ex chez le médecin. Pendant ce temps, elle secourt sa boss, une riche mère de trois enfants (superbe Connie Britton, vue dans Friday Night Lights); qui la paie pour faire les devoirs à leur place et gérer les situations de crise. Cocasse.
Rosie O’Donnell et Frankie Shaw dans SMILF (Showtime)
Frankie Shaw pose des yeux de femme sur le quotidien de son héroïne et dérange sur ses prises de position.
Bridgette est une maman qui vit chaque jour comme un match de basket. Elle se donne à fond, challenge et vise plus ou moins juste. Pour l’épauler, sa mère, un peu dépressive sur les bords, (l’excellente Rosie O’Donnell), adore les jeux à gratter et écouter Angela Ashes dans son lit. Elle cherche à retrouver son premier amour avec lequel elle est s’était fait tatouer un demi coeur sur le poignet.
Tous les personnages de SMILF ont un passif sévère (agression sexuelle, alcoolisme, boulimie) mais Frankie Shaw ne les ménage pas, au contraire. Pas de pathos, la « merde » est étalée au grand jour et chaque épisode est une épreuve. Car, si Bridgette ne paie pas les factures aussi vite qu’elle consomme les hommes et les chips, elle a un vrai sens des valeurs humaines. C’est le genre de fille à vous mettre (très) mal à l’aise dans la file d’attente chez le pharmacien.
« Tomboy », Princess Nokia (BO)
On aurait pu voir cette anti-héroïne dans Girls de Lena Dunham, mais Bridgette aurait sans doute volé la vedette. Frankie Shaw pose des yeux de femmes sur le quotidien de son héroïne sans concession. On rit beaucoup, on danse pas mal avec une BO très urbaine, mais le message est loin d’être optimiste : devenue mère trop tôt, la bonne élève enterre ses rêves de devenir basketteuse professionnelle. Avec cette série en partie autobiographique Frankie Shaw (aperçue dans la saison 1 de Mr Robot) frappe fort.
SMILF, diffusée sur Canal + série à partir du 23 janvier.
Image à la Une : « SMILF », Showtime.