Le célèbre journaliste vient de lancer le magazine papier “Vieux”. À 70 ans, Antoine de Caunes s’aventure dans un nouveau secteur journalistique qu’il a quitté il y a 50 ans. Son objectif est simple : adresser les sujets de société qui concernent les personnes âgées du point de vue de gens comme eux. Sortir un nouveau magazine en 2024 semble extrêmement ambitieux, mais pas pour de Caunes.
“Le magazine qu’on finira tous par lire.” C’est le slogan de “Vieux” dont le tout premier numéro est paru le 29 mai dernier. À l’intérieur, on peut y retrouver des dossiers sur l’actualité, des rubriques santé, design ou encore culture. Sur le papier, le lancement de Vieux est très bien huilé : une chronique de Florence Foresti, des interviews de Denis Podalydès, de Daniel Auteuil et un Antoine de Caunes envoyé sur le devant de la scène, que ce soit pour en faire la promotion ou même sur la une du premier numéro. Sortir une nouvelle revue en 2024 semble insensé vu l’état de la presse écrite, mais utiliser l’image de marque de l’un des journalistes les plus identifiés de France pourrait être la solution à un système économique habituellement voué à l’échec.
La presse écrite française en déclin constant
Le Monde, quotidien le plus lu dans l’Hexagone, a doublé son prix de vente en dix ans, passant de 1,80€ en 2013 à 3,60€ aujourd’hui. De manière générale, la presse écrite tente de survivre comme elle peut grâce à de multiples stratagèmes, réduction du nombre ou de la hauteur des pages, augmentation du prix… Malgré cela, le bilan est désastreux pour la presse au global avec des ventes qui n’ont jamais été aussi basses. Les magazines sont de plus en plus chers, surtout depuis le début de la guerre en Ukraine qui a fait exploser le prix du papier, mais ce n’est pas la seule raison de cette baisse des ventes. D’après le Ministère de la Culture, les investissements publicitaires dans la presse écrite ont diminué de moitié entre 2012 et 2022. Une preuve irréfutable que l’intérêt des publicitaires comme des Français en général pour la presse écrite ne fait que descendre.
Seul point positif, alors que les Français font de moins en moins confiance aux médias, c’est la presse écrite régionale qui reste le plus fiable, selon le baromètre Media Rating 2024, devant les chaînes de télévision, les radios nationales et les réseaux sociaux.
“Vieux”, un cas (à moitié) spécial
Le nouveau trimestriel d’Antoine de Caunes appartient au groupe CMI France, qui a déjà lancé huit magazines différents sur les cinq dernières années. Appartenant au milliardaire Daniel Křetínský, cette société mise gros sur l’avenir de la presse écrite avec une stratégie d’incarnation. CMI a notamment développé “Le Journal d’Inès” et “S” entre 2019 et 2020, respectivement incarné par Sophie Davant et Inès de La Fressange. Le groupe tchèque a bien compris que lorsqu’une revue est portée par une célébrité, son nom fait vendre du papier. Les résultats sont présents puisque “S” s’est écoulé à 150 000 exemplaires pour son premier numéro. Cette technique commerciale a donc été reprise avec Antoine de Caunes pour “Vieux”.
L’ancien présentateur du Grand Journal incarne donc le visage du magazine et se met en avant pour en faire la publicité sur les plateaux de télévision, à la radio et dans la presse. Il sait que la simple présence de son nom fait vendre, sans même être le rédacteur en chef de “Vieux”, mais plutôt le conseiller éditorial.
Créer une revue qui s’adresse uniquement aux personnes âgées est loin d’être une mauvaise idée quand on sait que les Français entre 50 et 59 sont deux fois plus nombreux à lire des magazines que ceux entre 20 et 29 ans. Antoine de Caunes et CMI connaissent leur cible et “Vieux” semble parfaitement lancé pour plaire aux lecteurs visés.