Entièreté Sincérité Qualité
Retenez son nom : EnfantDePauvres est originaire de Fontenay-Sous-Bois (94), et vient de sortir son premier projet EDP (Saison 1). Dix morceaux empreints de poésie, de délicatesse et d’élégance.
Les débuts
En 2018, Jason travaille dans une boutique de vêtements. Lors de sa pause habituelle à 13 heures, sur un coup de tête, il décide de ne plus jamais revenir. Deux semaines plus tard sortait son premier morceau, « Baltimore ». À ce moment-là, il a senti que c’était maintenant ou jamais : « j’avais peur d’avoir des regrets plus tard » explique-t-il.
L’un de ses frères, le jeune rappeur Kaza, est déjà dans l’industrie musicale depuis quelque temps. Ensemble, ils ont l’habitude d’écouter de la musique et de chanter depuis qu’ils sont enfants : « À la maison on ne faisait que chanter, on s’inventait des concerts dans le salon », confie-t-il. C’était donc une évidence pour EnfantDePauvres d’inviter son frère sur son premier projet (« Répondeur »).
L’émotion avant tout
S’il fallait un mot pour définir la musique d’EnfantDePauvres, ce serait « sincérité ». Celle-ci transparait dans ses chansons ; en studio, il cherche à trouver en lui l’émotion la plus brute et crue qui soit. À l’heure où de nombreux artistes s’entourent d’équipes de beatmakers et de topliners pour produire leur musique de façon très méthodique, EnfantDePauvres préfère l’émotion instantanée du premier jet, quitte à faire dans la radicalité.
« Il faut que ça vienne directement, je déteste bricoler un morceau. Chaque prod a le droit à un essai, et je garde seulement ce qui me vient instinctivement. La musique, c’est pas des mathématiques. Si la prod est bien, mais que ça ne marche pas du premier coup en cabine, je jette. »
Premier épisode de la série de clips du projet « EDP (Saison 1) ».
(Les clips ne reprennent pas les morceaux en entier.)
EDP (Saison 1) raconte la vie quotidienne, les relations familiales, l’envie de s’en sortir, la valeur du respect, les doutes en amour et, plus subtilement, le conditionnement mental qui empêche d’avancer. Dans l’écriture, EnfantDePauvres ne cherche ni la rime ni les figures de style alambiquées ; le résultat dégage pourtant une atmosphère poétique.
« Parfois, l’écriture peut être une expérience très forte… », confesse-t-il.
C’est notamment le cas pour le morceau « Dix », qu’il a écrit très vite et dans lequel il donne des conseils à un jeune homme qui a les mêmes ambitions que lui. Ce morceau l’a « fracassé », tout comme le morceau « Là-Haut », qui raconte à quel point, quand il était plus jeune, il était considéré comme quelqu’un de « très spécial ». Aujourd’hui, il le sait, il est spécial, et il en a fait sa force.
Deuxième épisode de la série de clip du projet « EDP (Saison1).
Ses inspirations et SON mentor
Il a grandi avec la musique de Rohff (également originaire du 94), qui lui a montré qu’un rappeur pouvait « ouvrir son cœur ». Parmi les artistes qui l’ont marqué, il cite également La Fouine (il connaît sur le bout des doigts l’album Aller Retour) et Booba… avant de préciser qu’« un Christophe Maé et un Julien Doré (lui) ont déjà piqué le cœur plus d’une fois »…
Pourtant, ce n’est pas un artiste français qui lui fait a reconsidérer la musique et son envie de se lancer dans le rap. En 2015, un peu par hasard, il se retrouve à une soirée à Paris lors de laquelle plusieurs artistes et DJs se succèdent sur scène. Il y a du monde, beaucoup de bruit ; Jason est sur le côté de la scène, un mec est collé à lui tellement la salle est bondée. « Je ne calcule pas trop les gens autour et là, une intru démarre, je la reconnais directement. Je l’entends partout mais je ne sais plus qui est l’artiste. » raconte-t-il.
« Et là, je vois la personne qui est collée à moi depuis tout à l’heure bondir sur scène : c’était Travis Scott. Dans le mouvement je suis entraîné avec lui, les gardes du corps essaient de m’écarter mais Travis leur fait signe de me laisser sur scène avec lui. On se retrouve tous les deux sur scène. À ce moment j’ai pris toute l’énergie du public de Travis dans la gueule. Quand je suis sorti je me suis dit : « c’est mort, je veux que ce soit mon métier. »
Clip du morceau « Un soir de plus ».
Avant ce projet, EnfantDePauvres avait sorti plusieurs titres qui ont lui rapidement permis de se constituer un public (« Baltimore », « Promesse » ou encore « Madre Mia »). Dans cette liste, le très beau « Un soir de plus » est celui qui nous a le plus marqués. Il y raconte la vie de quelqu’un qui travaille beaucoup et qui court après le bonheur, à travers l’envie de faire de l’argent. « C’est un tunnel sans fin. Tant que tu n’es pas mort, tous les jours, tu vas t’acharner sur la même chose, sur la même paye à la fin du mois pour payer les mêmes factures, avoir les mêmes ambitions et toujours les mêmes rêves de sortir de ton quotidien. »
C’est ce quotidien que la musique d’EnfantDePauvres raconte avec beaucoup d’émotion, de poésie et de sincérité. On lui prédit (et lui souhaite) une belle carrière…
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Photographie à la Une : EnfantDePauvres.