Ou comment Post Malone a fait changer (malgré lui) les règles du jeu dans la comptabilisation des chiffres d’écoute chez Billboard…
Depuis l’avènement du streaming, la comptabilisation des écoutes (et via elle, l’attribution des disques d’or, de platine et de diamant) soulève de plus en plus de questions chez les différents acteurs de l’industrie musicale, notamment aux États-Unis.
Les modes de consommation de musique ont changé. Désormais, le grand public utilise massivement des plateformes de streaming telles que Spotify, Deezer, Apple Music ou encore YouTube. Les écoutes des artistes les plus populaires s’y comptent à présent en millions ; ces chiffres ont multiplié de manière exponentielle l’acquisition des fameuses « certifications » par les artistes, jadis uniquement basées par sur les ventes physiques.
Mais très récemment, un événement a poussé l’institution historique du Billboard (qui comptabilise toutes les ventes et écoutes aux États-Unis) à remettre en question son système. Cette semaine, alors qu’il venait de s’emparer de la première place du « Billboard Hot 100 » (un classement basé sur les ventes physiques et les écoutes online) avec son titre « Rockstar », le rappeur Post Malone a été accusé d’avoir triché sur ses statistiques réelles d’écoutes.
Le site américain The Fader a en effet mis en lumière un procédé mis en place par le label du rappeur, Republic Records. Celui-ci aurait posté sur YouTube une vidéo composée d’une boucle du refrain de « Rockstar ».
Ce refrain en boucle comptabilise 49 millions de vues sur la plateforme vidéo, et son texte de description mène directement vers des plateformes de streaming pour pouvoir écouter le titre en entier.
La vidéo qui aurait permis à Post Malone de se hisser au sommet du Hot 100 du Billboard.
Ces chiffres de lecture, pris en compte par YouTube – et donc par Billboard – ont multiplié par deux les écoutes réelles de Post Malone, ce qui lui a permis de détrôner Cardi B et son titre « Bodak Yellow », présent depuis trois semaines à la tête du classement.
Une stratégie malhonnête qui en dit long sur l’inventivité des acteurs musicaux pour pousser leurs produits en tête des classements… Mais la technique utilisée par Republic Records pose surtout la question des méthodes de comptabilisation des écoutes digitales – et de la facilité avec lesquelles elles peuvent permettre de décrocher une certification qui attirera l’intérêt des médias et du public.
Au regard de la gravité de l’événement, Billboard a publié un long communiqué de presse ce jeudi 19 octobre dans lequel l’institution annonce un changement des règles concernant la comptabilisation des écoutes.
Deux changements majeurs sont à prévoir : tout d’abord, les écoutes provenant des comptes d’utilisateurs payants seront comptabilisées avec un degré d’importance supérieur à celles provenant de comptes gratuits.
Les activités des abonnés sur les plateformes telles que Spotify, Deezer ou Apple Music compteront également plus que les écoutes ou les vues enregistrées sur Soundcloud et YouTube. Enfin, second changement majeur : pour les albums, les vues enregistrées sur les plateformes vidéos ne seront tout simplement plus comptabilisées.
De son côté, Post Malone a réagi avec deux tweets très épidermiques :
whenever you live your dreams everyone wants to try to take it away from you.
— Beerbongs & Bentleys (@PostMalone) 18 octobre 2017
( En version française : quand tu vis tes rêves, tout le monde essaie de te les arracher)
fuck you.
— Beerbongs & Bentleys (@PostMalone) 18 octobre 2017
En France aussi, la comptabilisation des streams dans le rap fait l’objet d’un vif débat depuis plusieurs mois. Le rappeur Abou Tall, proche de la Sexion d’Assaut et ancien membre du duo The Shin Sekai, a sorti ce vendredi un morceau intitulé « Stream » (tout simplement) dans lequel il accuse violemment un certain nombre d’artistes français de truquer leurs vues…