Qu'il ait le visage de Kanye West, d'A$AP Rocky ou celui de l'anonyme, le "dandy noir" a colonisé la rue, les réseaux sociaux, les médias. Souvent, il dicte les tendances. Son élégance éclatante, revendiquée, torpille méthodiquement les clichés : le vêtement, devenu politique, se fait pied-de-nez à l'Histoire. Ariel Wizman et Laurent Lunetta ont enquêté sur ce phénomène "Black Dandy", né aux États-Unis dans les années 2000. Ils en ont tiré un documentaire - à voir, absolument. Ariel Wizman nous confie sa vision du "Black Dandy" et la playlist de son film avant sa diffusion, mardi 24 mars à 22h50, sur CANAL+.
« Disons donc que les petits chanteurs français à la croix de bois qui gémissent dans l’ombre de Bashung sont des fragiles, et les rappeurs leur contraire. Comme pour le dernier album de Kendrick Lamar, on remet à plus tard la tâche de comprendre ce qu’ils racontent. Ce que l’on goûte, c’est le son de l’affirmation.
Ne rien devoir à la culpabilité, voilà résumé en une capsule le dandysme, celui qui ne se dissout ni dans la mode, ni dans le bon goût.
« Si vous m’avez remarqué c’est que je ne suis pas élégant »… Ouais, l’argent ancien se soucie de passer inaperçu, c’est vieux comme les colonies. Mais les Sapeurs, les Swankers, les Afropolitains et les descendants de Fela, les disciples de Dapper Dan vous crachent dans l’oeil. Dans ces mois de crispation, pris dans des années de glaciation, les dandys Blacks que j’ai croisés m’ont rappelé la force explosive du désir. Vouloir être vu, pas par névrose, ou narcissisme, mais pour briller. Et briller ça veut dire être digne de ses rêves, de ses prières. Produire de l’énergie. La joie c’est de la politique, m’ont appris les silhouettes de couleur(s), filmées dans « Black Dandy ». »
Fela Kuti, « Gentleman »
Et le remix avec Jay-Z et Lil Wayne
Mykki Blanco, « Feeling Special »
Bobby Shmurda, « Real Hot Nigga »
Vaudou Game, « Pas contente
The Unknown Cases, « Masimbabele »
Unknown, « Bayaya »
Kerry Chandler, « Coro »
SBTRKT ft. Ezra Koenig, « New Dorp, New York »
Lord Kitchener, « If You’re Brown »