Ce soir dans un Gros Journal Spécial César, Mouloud Achour pose son plateau à la Salle Pleyel à quelques heures seulement de la cérémonie, pour recevoir deux actrices nominées : Marina Foïs dans la catégorie « meilleure actrice » pour son rôle dans Irréprochable et Oulaya Amamra « meilleur espoir féminin » pour Divines. Les deux actrices évoquent leur rapport au théâtre et leur envie de voir des rôles féminins plus complexes au cinéma, dans les comédies notamment. En attendant de connaître le palmarès, Marina Foïs se souvient de ses trois précédentes nominations et Oulaya Amamra admet son émotion. César ou pas ? Réponse ce soir lors de la 42e cérémonie des César à regarder en direct sur Canal+ dès 21h.
Le Gros Journal spécial César avec Marina Foïs… par legrosjournal
Mouloud : Comment ça va ?
Marina : Bien.
Alors ce n’est pas pour rien que vous êtes là, c’est que vous êtes les deux actrices que l’on a reçu cette année et pour qui on milite au quotidien.
Marina : Vous faites campagne.
Dans des domaines totalement différents, on fait campagne. On envoie des tweets, on envoie des hashtags, on envoie plein de trucs.
Marina : Merci, merci ! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ?
Vous êtes nommées dans quelle catégorie chacune ?
Marina : Moi c’est meilleur espoir.
Oulaya : Et moi c’est meilleure actrice.
“Divines” ?
Marina : Et “Irréprochable”.
Après l’émission vous allez toutes les deux vous faire belle, vous maquiller… Enfin encore plus belle que vous ne l’êtes pour la cérémonie. Est-ce que ça met la pression d’être ici, là où ce soir tout va se jouer ?
Marina : On est jamais complètement détendu, en même temps il y a une excitation. Moi je trouve que c’est ludique les César.
Les mecs, excusez-moi, on est en train de tourner !
Marina : Mais il faut que ce soit propre avant les César.
Oui je sais, mais bon.
Marina : Merci messieurs ! Ces soirées-là, c’est bête, mais je trouve ça assez excitant, et puis en vrai il y a plein de gens que l’on aime bien quand même, et dont on a aimé les films. Il y a une manière de passer la soirée de manière pas tragique je crois.
Oulaya tu anticipes ou pas ?
Oulaya : Moi ça me fait un truc. J’avoue que là j’ai un peu le coeur qui bat parce que je me dis que ça va se passer là. C’est en même temps émouvant parce qu’on est passées par plein de choses…
Parce que l’histoire des Divines ne s’arrête pas. Il y a eu Cannes, il y a eu les Golden Globes.
Oulaya : Et là je me dis, c’est les César. C’est ce qui nous représente, c’est la France.
Franchement ce n’est pas très grave de ne pas l’avoir. Je ne dis pas que tu ne vas pas l’avoir…
Oulaya : Non ce n’est pas très grave.
Et est-ce que c’est chanmé de l’avoir ?
Oulaya : C’est chanmé de l’avoir !
Nous de toute manière dans cette émission, on est les premiers à avoir dit “C’est Oulaya”. On l’avait dit, César. Donc ce soir, César, César. Il y a quelque chose Marina, dans cette séquence avec Oulaya, c’est qu’elle la faisait à l’attention de la Comédie Française. Et toutes les deux vous avez quelque chose de très important et de très très respectueux vis-à-vis du théâtre.
Marina : Moi j’ai un rapport très ambigu avec le théâtre. J’adore et je hais, vraiment. Là ça me manque parce que je n’en ai pas fait depuis longtemps, et dès que j’en fais le théâtre me rend complètement claustrophobe.
Et le rapport au conservatoire ?
Marina : Moi je l’ai loupé donc… J’ai chialé pendant des années, ça a été l’échec de ma jeunesse qui m’a construit. Je pense que, personnellement, cela m’a sauvé de ne pas l’avoir parce que cela m’aurait enfermée dans des certitudes et l’arrogance de la jeunesse. Mais cela ne m’a pas plu, j’étais vexée.
Et toi Oulaya ?
Mon premier amour ça reste le théâtre. Je sais pourquoi je suis dans cette école, c’était pour revenir aux bases. Je sentais que j’avais besoin de reprendre le texte, de me confronter aux grands metteurs en scène, aux grands textes surtout et de revenir aux fondamentaux, aux mots. Et c’est ça qui me manquait.
Est-ce qu’il a vu ton appel le mec de la Comédie Française ?
Oulaya : Il a vu !
Marina : Alors il a dit quoi ?
Oulaya : Apparemment il va peut-être venir au Conservatoire, comme il fait tous les ans ce n’est pas que pour moi, il va venir et on va voir ce que ça vaut.
En vrai tu méritais un César. Moi je te donne un “Blédard”.
Marina : Ça me va.
Est-ce qu’on s’habitue à ne pas l’avoir ?
Marina : Moi je suis plus habituée vu que je ne l’ai jamais eu, donc je suis super habituée à ne pas l’avoir. Je suis très rodée et franchement je l’ai toujours bien vécu.
Quatre nominations.
Marina : Oui.
Ce que l’on vient de voir, c’est surtout un des rares moments où ça décompresse sur la profession d’acteur.
Marina : Oui, mais heureusement qu’on a le droit de se foutre de nous-même. Moi j’ai plein d’endroits et plein de moments de grands grands premiers degrés où je suis plus actrice que toutes les actrices réunies et où je suis pathétique. Et puis heureusement j’ai des soupapes, et des moments où je peux… Bah oui.
Est-ce qu’il y a des rôles à César ? Là il y a Guillaume Canet qui a sorti Rock’n Roll, où il vanne Marion Cotillard sur les rôles à Oscar qu’elle prépare avec des accents et des faux handicaps. Est-ce que quand on lit un scénario on se dit “Ça c’est un truc à César, ça joue sur la misère sociale, ça joue sur ça, ça peut les émouvoir aux César. Il a une jambe cassée, il est au RSA” ?
Marina : Je ne crois pas. Non j’imagine qu’il faut une coïncidence, il faut un truc dans l’air du temps pour émouvoir, pour avoir un succès public, pour avoir un succès critique et pour avoir des récompenses. Après c’est nous les acteurs qui aimons bien tous les rôles, les grandes douleurs, les grandes folies, les grandes misères c’est génial à jouer. Tout ce qui permet d’avoir du souffle.
Oulaya : Il y a du jeu !
Il y a un truc Marina, c’est que quand on t’avait reçu, j’étais abasourdi par le fait que c’est la première fois que je te vois mettre autant en avant ta féminité dans un film. On a l’impression souvent que plus les actrices prennent de l’âge, plus elles sont mises au placard, et toi plus ça avance, plus tu deviens hyper sexy.
Marina : C’est les metteurs en scène qui vous modifient. Et moi je crois vraiment que j’ai la chance que des gens étranges, très différents, posent leurs regards si différents sur moi et font de moi ce que je suis pour vous aujourd’hui.
Il y avait aussi une critique que tu faisais par rapport aux rôles qu’on écrit pour les femmes.
Marina : Non, je parlais en comédie. Pas dans le cinéma d’auteur du tout. Je pense qu’en France les actrices sont très bien servies, mais souvent dans les comédies que je reçois, la femme a le droit d’être drôle en gros avec ses nichons ou sa culotte. Au delà de tout ce qui est les attributs de la féminité, à part être nymphomane ou mal-baisée, on n’a pas beaucoup de possibilité pour faire rire et ça c’est vraiment… C’est vraiment un endroit, la marche des femmes. Il y a du travail là aussi.
Oulaya, il y a des rôles de comédie qu’on t’envoie ou pas encore ?
Oulaya : Oui, des comédies d’ado tout ça mais je suis d’accord avec Marina, c’est qu’on a pas encore de rôles vraiment… Moi j’aime beaucoup ce qui est comédie, j’aime beaucoup “L’arnacoeur” par exemple avec Romain Duris. Moi j’aimerais bien aussi qu’on ait une “arnacoeuse”, je ne sais pas si ça se dit. Mais en tout cas un rôle avec toutes ces complexités, drôle et c’est le personnage central. Je suis super d’accord avec elle.
Avant de terminer l’émission, moi j’aime bien quand on met de la bonne ambiance dans les César parce que tout le monde dit “c’est compliqué, c’est un public dur” alors qu’en vérité il y a toujours quelqu’un pour qui on est content. J’aimerais vous demander un souvenir de quand vous étiez comme une ouf quand quelqu’un l’a eu en vous disant “Ah c’est mérité”.
Marina : Moi c’était Tahar Rahim.
Mouloud : Oulaya ?
Oulaya : Omar, je pourrais regarder en boucle. Il était comme un ouf.
Mouloud : Omar, Tahar, Marina, Oulaya à ce soir pour les César.