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Theresa KachindamotoSociété
Par Elena Amalou

Theresa Kachindamoto, la cheffe qui combat les mariages d’enfants au Malawi

Theresa Kachindamoto, mère de cinq garçons et cadette d’une fratrie de 12, vient d’une famille de chefs locaux du Malawi. En 2003, l’ancien chef de la région de Dezda l’a désignée pour prendre sa succession, pour sa « bienveillance envers les gens ». Depuis 13 ans, elle gouverne près de 900 000 personnes.

Par le porte-à-porte et des campagnes de sensibilisation, Theresa Kachindamoto lutte contre le mariage des enfants et pour l’éducation, dans le troisième pays le plus pauvre du monde selon le FMI. Et à défaut de convaincre tous les parents qu’une jeune fille éduquée rapportera plus d’argent qu’une jeune fille mariée (le nerf de la guerre étant la pauvreté), elle use de ses pouvoirs juridiques. En 2007, elle a fait passer une loi dans sa région interdisant le mariage avant l’âge de 18 ans. Ces trois dernières années, elle a annulé 850 unions d’enfants, rapporte Al Jazeera.

Au Malawi, le pauvreté, le mariage précoce et la déscolarisation sont trois composantes d’un même cercle vicieux. Les mariage de jeunes filles et de jeunes garçons permettent aux familles d’avoir des bouches en moins à nourrir (en cause aussi, des coutumes et des croyances religieuses) précise Human Rights Watch. La grossesse suite à cette union est la cause principale de la déscolarisation des enfants. Seulement 45% des filles poursuivent l’école après le CM1, c’est à dire à l’âge de 9 ans.

Bernadetta Matison en est l’exemple. Avant d’être sauvée par Theresa Kachindamoto, cette jeune fille de 17 ans a été mariée à l’âge de 15 ans. La même année, elle donnait naissance à son premier enfant.

« J’ai vu le malheur que c’est de se marier jeune (…) Finalement, (malgré le mariage) il nous manque toujours les choses qui nous ont amenés à cette union, comme du savon ou d’autres produits de base. Certaines sont même battues » confie-t-elle à UN Women.

Secrétaire à l’Université du Malawi dans le sud du pays durant 27 ans, Theresa Kachindamoto a fait de l’éducation le second point essentiel de son combat. Prête à tout, elle paye les frais de scolarité ou trouve des financements pour re-scolariser les enfants retirés du système éducatif suite au mariage.

Malgré ce geste généreux, les traditions sont ancrées dans les mentalités. Les trois quarts des mariages contre lesquels elle lutte ont été consentis par les parents ou les anciens chefs, selon Nyasa Times.

Le mariage des enfants – y a-t-il besoin de le rappeler ? – est une violation de leurs droits fondamentaux (la santé, l’éducation, l’égalité…). Les filles sont exposées à des violences sexuelles et domestiques, ainsi qu’à des conséquences graves à le suite de grossesses (lire les conclusions de Human Rights Watch à ce sujet). Leurs corps n’étant pas assez matures pour accoucher, il s’agit de la seconde cause principale de décès chez les jeunes filles de 15 à 19 ans à l’échelle mondiale. Malgré les menaces de mort, Theresa Kachindamoto souhaite désormais faire passer l’âge légal du mariage à 21 ans.

Photographie à la Une © Ryan Brown

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