Plus fort que le Transsibérien russe, le Yiwu-Madrid chinois. Mis en route le 18 novembre, ce train rouge chargé de 82 containers, dont le blog WorldView Washington Post retrace l’odyssée en une carte, va parcourir l’Asie et l’Europe d’Est en Ouest en seulement 21 jours. Départ : Yiwu, une petite ville industrielle tout à l’Est de la Chine – arrivée à Madrid, 13 052 kilomètres plus tard, soit la plus longue distance jamais parcourue par un train de frêt. Initié par la Chine, le chemin de fer est l’une des nombreuses branches d’un projet titanesque baptisé « The New Silk Road » (la « Nouvelle Route de la Soie »), référence au mythique réseau de routes commerciales emprunté par les caravanes jusqu’au XVe siècle, qui liait la Chine à l’Europe en passant par les steppes d’Asie Centrale.
Ces dernière années, la Chine a délaissé le commerce intercontinental : elle lui préférait les routes maritimes, plus rapides à l’époque, toujours moins chères aujourd’hui. Jusqu’à ce que le président chinois, Jin Xiping, débloque 40 milliards de dollars pour réveiller le secteur. Selon Reuters, cette somme rejoint un fond d’investissement commun à plusieurs pays et investisseurs d’Asie, dont l’objectif est de stimuler les échanges commerciaux dans la région. L’argument de Xin Jiping est donc économique : la nouvelle « Route de la Soie » permettra au pays de renforcer ses liens avec les marchés voisins, jusqu’à ceux d’Europe, alors que la demande de produits venus du continent attenant, notamment de biens de luxe, est désormais pérenne en Chine.
Mais il y a autre chose, remarque Worldview. Récemment, les Etats-Unis ont développé le Trans-Pacific Partnership (TPP), un accord de libre-échange conclu avec 12 pays, sans daigner y inclure son concurrent au rang de première puissance économique mondiale. Avec ces infrastructures, qui excluent de fait les USA, la Chine veut rééquilibrer la balance du pouvoir mondial, explique le site Foreign Policy. Quant à cette étude européenne, elle voit notamment dans cette initiative chinoise un moyen efficace de contrebalancer l’influence de la Russie en Asie Centrale, et une astuce imparable pour rejoindre l’Europe sans passer par ses frontières. Derrière les nouveaux rails de la « Route de la Soie » se cacheraient donc, avant tout, de sinueuses intrigues géopolitiques.