Le lundi 23 Avril, le premier ministre Edouard Philippe annonçait à l’occasion d’une visite de l’usine SEB, cinquante mesures du gouvernement pour sortir du modèle linéaire « extraire, fabriquer, consommer et jeter ».
En 2017, plus de 324 millions de déchets ont été produits en France. Dans une optique de développement durable et de protection de l’environnement, le gouvernement a délivré ce lundi une série de mesures pour diminuer les gaspillages et faire des déchets ménagers une nouvelle ressource.
La feuille de route décline les différentes pistes opérationnelles pour lancer la transition vers un « modèle circulaire », dans lequel les produits ont une durée de vie plus longue et où les gaspillages sont réduits. Elle préconise, par exemple, l’étiquetage obligatoire des équipements électriques, électroniques et électroménagers informant les clients sur l’indice de « réparabilité » et de durabilité des produits. Le gouvernement se lance ainsi dans une lutte contre l’obsolescence programmée, responsable de la production de nombreux déchets et de l’épuisement de ressources naturelles.
Le recyclage est un enjeu majeur pour le pays où chaque habitant produit en moyenne 354 kg de déchets par an. La plupart de ces ordures ménagères sont incinérées, favorisant l’émission de dioxines (des composés chimiques hautement polluants), et le réchauffement climatique. Une grande partie des déchets ménagers sont également enfouis, et laissés à l’abandon d’ici à leur dégradation… dans quelques milliers d’années.
« Nous devons arrêter ce procédé infernal qui amène à épuiser nos ressources. Affirmons avec force qu’aujourd’hui la norme ,c’est la rareté. » – Nicolas Hulot, Ministre d’État, Ministre de la Transition écologique et solidaire
En se fixant un objectif de 100% de collecte de déchets recyclables d’ici 2025, la France espère rattraper son retard en matière de tri. Le taux de collecte des bouteilles plastiques y est de 55% en moyenne, contre plus de 90% dans les pays nordiques. Sans pour autant promouvoir certaines alternatives, la feuille de route propose tout de même l’établissement d’une « consigne solidaire » qui financerait un fonds dédié à des causes environnementales, de santé ou de solidarité. Ces mesures devraient donc permettre d’atteindre certaines cibles des Objectifs du développement durable de l’Agenda 2030 des Nations unies, et éloigner certaines des menaces (aux conséquences irréversibles) qui pèsent sur la planète.
Plusieurs acteurs sont pris pour cible par les mesures, à différentes échelles. Les collectivités territoriales sont par exemple placées au centre du dispositif par l’adaptation de la fiscalité (afin de rendre la valorisation des déchets moins chère que leur élimination), ou la mise en place d’une tarification incitative à leur collecte. Les entreprises seront également soumises à de nouvelles règlementations, comme l’extension du dispositif « pollueur-payeur » à de nouveaux produits ou la mise en place de bonus-malus. Les 247 millions de tonnes de déchets par an du secteur du BTP (soit deux tiers des déchets en France) sont également ciblées par les mesures afin de revoir leur gestion et favoriser leur réemploi. Le gouvernement estime par ailleurs à 300 000 le nombre d’emplois non-délocalisables pouvant être crées dans le secteur. De quoi tirer parti de ce nouveau paradigme…
Image à la une : Guillemette Villemin – AFP / Archives
Source : ADEME – Eurostat – Le Monde