En mai 2017, le rappeur Sofiane dévoile un morceau nommé « Bois d’Argent ». Non, il ne fait pas référence à une espèce d’arbre qui ferait fleurir des billets, mais bien à un parfum de Dior.
Étonnamment, ça nous a provoqué un effet de déjà vu. On s’est rappelés que Lacrim parlait de ce parfum dans le morceau « Red Zone » en 2015, que Kaaris le citait dans le morceau « 2 Bigos » en 2016 et que Sadek y faisait référence dans « Ça va aller ». Après quelques recherches, nous sommes arrivés à un constat : il y a une fascination pour le parfum Bois d’Argent dans le rap français.
Plus que de toucher de nombreux rappeurs, il faut croire que Bois d’Argent a aussi envouté une frange de la jeunesse. Une jeunesse qui se trouve souvent en banlieue et qui appréhende parfois ce parfum comme « un moyen de sortir de sa condition », selon l’anthropologue et historienne du parfum Annick Le Guérer.
Pour comprendre ce phénomène, qui pourrait s’apparenter à l’engouement que Lacoste a connu chez les rappeurs dans les années 90, nous avons rencontré Sofiane, interrogé un réalisateur qui a nommé un court métrage « Bois d’Argent », posé des questions à Alonzo (le premier rappeur à avoir cité le parfum dans un morceau), mais nous avons aussi passé beaucoup de temps… sur Internet.
C’est sur les réseaux sociaux que l’enthousiasme autour de Bois d’Argent est le plus visible et qu’une vente de copies et de contrefaçons s’est mise en place. Deux vendeurs nous ont expliqué comment ils ont commencé à vendre le précieux élixir ; un parfumeur s’est même prêté au jeu de la comparaison entre Bois d’Argent et une de ses copies, le Bois d’Igor.
Derrière ces rencontres et l’exemple de ce parfum, une question en creux : la façon dont le rap et les quartiers font et défont des modes – et se réapproprient des symboles statutaires.
Pour aller plus loin, écoutez cette playlist des morceaux qui font référence à Bois d’Argent :