Cela fait désormais plus d’un an que la chanteuse danoise Kwamie Liv imprime dans nos têtes, plus profondément à chaque essai, son mélange de R&B, de pop et d’électro. Depuis, certains la comparent à The Weeknd pour l’atmosphère (cette reprise, évidemment, n’y est pas pour rien), d’autres à FKA Twigs ou à M.I.A… voire même à Lana Del Rey pour le côté éthéré de certaines productions. Mais si elle a un peu de tout ça, Kwamie Liv est surtout elle-même. Et pour comprendre ce qui l’inspire vraiment, nous le lui avons tout simplement demandé.
Un film : « Timbuktu », d’Abderrahmane Sissako
Kwamie : « J’ai vu ce film dans un petit cinéma, au Danemark. À la fin, j’étais en larmes, littéralement. Il est tellement équilibré, tellement intelligent et esthétique. Les personnages, aussi bien féminins que masculins, sont à la fois justes et forts. Les stéréotypes sont brouillés. Cela permet à l’histoire de vivre et de s’élever, ce qui est rare ».
« La beauté de ce film, c’est qu’il ne juge pas. Il laisse au spectateur suffisamment d’espace pour en tirer sa propre interprétation. Et, en même temps, il le touche immédiatement au coeur ».
Un musicienne : Alice Smith
« Alice Smith est une chanteuse soul américaine. Elle a cette texture old school dans la voix… Cette femme a une présence incroyable sur scène, elle en impose. Quand elle fait quelque chose, elle le fait à sa façon, et pas autrement ».
« Elle est aussi plus âgée… elle est née en 1978. Cette maturité, ce pouvoir qu’elle met dans sa voix… Tout ça me transporte ».
Un auteur : Antoine de Saint-Exupéry, Roald Dahl et Andersen, à égalité.
« Le Petit Prince est l’un de ces livres que l’on qualifie de « grand classique », mais qui est en même temps tout petit, humble et précis à la fois. Le récit enfantin cache un univers très adulte. C’est aussi un trait caractéristique de la musique… Tom Waits, par exemple, est un musicien capable à la fois de faire danser un enfant de 5 ans et de faire pleurer l’adulte qu’il sera devenu ».
Tom Waits, « All the World is Green »
« Dans cette veine, il y a aussi Roald Dahl, l’un des meilleurs auteurs pour enfants. Je pense aussi à Hans Christian Andersen, qui était danois. Ses contes (dont La Petite Sirène, NDLR) sont lus aux enfants, mais ils sont tellement lourds et tristes ! Ces trois auteurs-là font un bon trio ».
La bande-annonce, en version originale, du film Matilda (1996)
« Somme toute, j’ai l’impression de n’avoir pas lu assez, ces derniers temps. J’écris plus que je ne lis. J’écris des chansons, des poèmes, de petites histoires. Des chapitres de livres… Je pense que j’ai commencé trois livres que je n’ai jamais terminés. C’est juste un moyen de décompresser, dans le fond. ».
Un endroit : le désert marocain
« J’ai passé une très grande partie de ma vie à voyager. Il y a quelques années, je suis partie sur un coup de tête avec une ami, dans le désert, pour la première fois. Là-bas, il n’y a plus rien. Plus que du sable, sur des kilomètres et des kilomètres, et personne à la ronde. Toi, tu dors dehors, et tu te sens agréablement petit ».
« Dans le Sahara, le ciel est si clair, si dégagé que les étoiles filantes se voient par dizaines. Parfois je ferme les yeux et je m’imagine là-bas à nouveau ».
Un discours : celui de Nelson Mandela, tout juste élu président, en 1994
« A l’époque où l’Apartheid a pris fin, je vivais en Afrique du Sud avec ma mère, qui est danoise. On ne se ressemble pas, elle fait très danoise justement. J’étais trop jeune pour tout comprendre, mais assez âgée pour enregistrer ce qu’il se passait autour de moi ».
« C’était un changement énorme, il a amorcé un processus de réconciliation, ce qui est très courageux. Je me souvient de son premier discours à la télévision, quand il est devenu Président. Dans la pièce, tout le monde pleurait. A l’époque, je n’ai pas compris l’importance de ce que je vivais. Mais avec le recul… »
Photographie via CBSNews
Le clip de Pleasure This Pain :
Lost In The Girl (EP) :