Thierno Diallo est un jeune anthropologue malien engagé pour la réconciliation nationale suite à la guerre de 2013 qui a mis fin à la division territoriale Nord-Sud du pays.
Habitant à moins de 800 mètres de l’hôtel Radisson Blu qui s’est fait attaquer par des terroristes vendredi, il reconnaît le danger mais refuse d’avoir peur.
Quelle est l’ambiance à Bamako à présent ?
On a du mal à sentir l’état d’urgence ! Tout est calme, les gens vaquent à leurs occupations. Samedi, je me suis baladé dans la ville pour voir un peu l’atmosphère. Les rassemblements sont interdits, et pourtant des gens célébraient des mariages ! Les restaurants et maquis [sortes de boîtes de nuit d’Afrique de l’Ouest, NDLR] étaient aussi remplis qu’habituellement !
Comment décrirais-tu la jeunesse malienne ?
Elle est très active et influente. La crise de 2012 nous a conscientisés. L’attaque a eu lieu vendredi, et dès le lendemain, une marche des jeunes était organisée, et on s’est coordonnés avec une vingtaine d’autres responsables pour un projet de chaîne humaine. On va défiler dans la ville avec des banderoles pour sensibiliser et responsabiliser les gens aux risques des attentats terroristes.
Pourquoi cette sensibilisation ?
Cette forme de violence est un nouveau phénomène que les Maliens ne comprennent pas tous. Il faut qu’ils comprennent que personne n’est à l’abri. Les plus riches et les investisseurs sont déjà inquiets pour l’économie, mais les quartiers défavorisés sont rassurés et se disent que la mort ne frappera pas chez eux. Les Maliens qui s’inquiètent le plus sont surtout ceux qui sont à l’étranger ! Pourtant, il faut voir ce que fait Boko Haram au Nigeria : ils ciblent aussi les plus pauvres. Il faut donc dire et redire que les risques sont les mêmes pour tout le monde. La rumeur court déjà qu’Al-Mourabitoune, le groupe qui a revendiqué l’attentat de vendredi, préparerait une nouvelle attaque…
Qu’est-ce qui te plaît dans la ville de Bamako ?
C’est une ville qui vit ! Les gens sortent et continuent à vivre dans toutes les situations, font la fête, poursuivent leurs activités, vont au boulot. La vie continue ! La sécurité a été renforcée ces derniers jours, on aperçoit la garde nationale dans les rues. C’est une bonne chose puisqu’on a vu avec Paris que même les pays développés ne sont pas à l’abri.
Tu as un artiste ou une chanson qui t’inspire dans cette période ?
N’importe quelle chanson de Mangala Camara.