Une grosse capuche recouvre ma tête grillée, pour deux ou trois billets le chrome je fais briller - Lunatic
Cache ton visage, c'est le son des capuches. Mets des gants sur tes paluches, c'est le son des capuches. Pousse le son, hoche la tête, c'est le son des capuches - Seth Gueko
Cette semaine on fait le point sur le sweat capuche, pièce maitresse de la garde robe du gentleman post-moderne...
Le modèle étalon, hoodie en VO, est mis au point par la marque Champion USA dans les années 30, il est immédiatement adopté par les étudiants sportifs et les travailleurs qui s’entrainent et travaillent en extérieur et qui n’en peuvent plus de claquer des dents. Et comme le varsity jacket, c’est dans les lycées que le sweat capuche se démocratise quand des étudiants non sportifs se mettent à en porter en ville pour des questions de swagg mais pas seulement.
Le sweatshirt Champion est un chef d’œuvre de style et de technicité, il est fabriqué à partir d’un tissu reverse weave dont les fils s’étendent horizontalement et non pas verticalement permettant au vêtement de conserver sa forme originale et de lutter contre le rétrécissement vertical. Ses bords côtes extra-larges aux poignets, à la taille et sur les flancs, et la proportion parfaite de la capuche contribuent à lui donner son style impeccable. Le discret logo bordé sur le poignet gauche finit de le rendre inimitable.
Robuste, bon marché et stylé, il accompagne plusieurs tendances de la fin du 20e siècle. Début des années 70, le hoodie devient un uniforme de travail pour les graffitis artists et dépouilleurs de NYC, qui le portent pour des raisons de confidentialité. De même que l’émergence de la scène skate board et punk californienne. Et comme plusieurs pièces importantes, le hoodie fait le grand écart entre les classes sociales, porteur de significations opposées. Porté par un jeune wasp de Harvard c’est un signe de bonne éducation, mais sur le dos de Trayvon Martin c’est une balle dans la poitrine pour « attitude menaçante ».
Aujourd’hui le hoodie est passé au prisme raciste, il est persona non grata dans plusieurs zones de certaines villes en Angleterre, Nouvelle-Zélande et États-Unis, où il peut vous valoir un contrôle de police et/ou l’interdiction de rentrer dans certains magasins où on peut pourtant en acheter.
Lorsque LeBron James a tweeté une photo de lui et ses coéquipiers de Miami portant des hoodies, c’était pour montrer leurs soutien à la cause de Trayvon Martin, mais également pour bafouer l’interdiction controversée sur les hoodies que la NBA maintient depuis 2005.
Lorsque la culture mode de la jeunesse, le style urbain et les a priori d’origines sont unis par un élément aussi symbolique qu’un vêtement, et que le porter devient problématique, cela résume à exclure les mêmes cultures qui l’ont adopté.