Pendant des siècles, les hommes ont porté des emblèmes pour une question de survie : montrer de quelle famille ils faisaient partie et ne pas se faire embrouiller dans une clairière ou simplement ne pas recevoir un coup de hache dans la confusion du champ de bataille.
Longtemps après que les chevaliers et les mousquetaires eurent disparu, et avec eux le swagg blasons et pourpoints, les universités américaines de la prestigieuse Ivy ligue ont relancé la tendance avec le letter sweater et le varsity jacket (Teddy en VF) portés par leurs athlètes durant les rencontres inter campus, et enjolivés d’écussons au fur et à mesure des victoires.
Mais si à l’origine ces deux pièces se gagnaient de haute lutte, elles se sont vite démocratisées chez les étudiants non sportifs, pour finalement être adoptées aussi par les rockers du coin. Dans l’espoir de serrer des meufs de la haute ?
Il est intéressant de constater qu’une fois de plus, les early adopter de ces vêtements se situent aux deux extrémités de la chaîne alimentaire : étudiants issus de familles fortunées, et Greaser américains et anglais, enfants des classes populaires.
Ce double engouement stylistique se répétera plusieurs fois au cours du XXe siècle jusqu’à ce qu’Internet vienne vulgariser la moindre tendance en mettant tout à la portée de tous, rendant obsolète le concept des vrais qui savent.
Pour exemple, pendant 30 ans le polo Lacoste n’a intéressé que les dentistes bordelais et les mecs de cité, avant que le krach denim-brut-barbe-et-Stan-Smith ne vienne rebattre les cartes.
Il n’est pas interdit de penser qu’une construction névrotique commune à ces deux classes sociales ne les mette en position d’appréhender et d’adopter les tendances balbutiantes et leur permette de se rejoindre au milieu du gué, mais pardon je digresse.
Le Teddy donc, est porté sans discontinuer des années 50 aux années 80 par tout ce que l’Europe compte de rockab’ et affiliés, fifties, batcaves et même punks et panthers dans leurs versions parisiennes.
Étonnamment, en touchant le vieux continent il passe à côté de l’uniforme des beaux quartiers, assurant à ceux qui le porte une certaine crédibilité mais aussi le risque de devoir le céder sous la menace au détour d’un couloir de métro.
Las, ces tendances issues du rock se font plus discrètes et s’éteignent doucement en même temps que le Teddy pendant que les musiques électroniques et le hip hop remplacent les accords plaqués dans le cœur des kids. Mais les légendes en meurent jamais, le Teddy revient au goût du jour à l’orée des 90’s sous une forme cauchemardesque, revue par les plus grands noms du street-wear US : Pelle Pelle, Mark Echo, Walter Davucci et consorts.
Aujourd’hui l’increvable Teddy est toujours là, mal en point et vidé de son sens certes, sa version noir sur noir remixé jusqu’à la nausée par les créateurs comme les marques high-street.
Mais il n’a pas dit son dernier mot, il y aura toujours un Golden Bear quelque part attendant l’appel de la forêt.