(Conversation filmée en juin 2016) Blaise Matuidi, Raphaël Varane et Mamadou Sakho, tous les trois joueurs de l’Équipe de France, ont accepté de nous rencontrer et de répondre aux questions de Mouloud.
Mouloud commence par revenir sur les souvenirs d’enfance des joueurs : Matuidi qui blesse un enfant en lui tirant dessus avec un ballon, à 4 ans à peine, Varane qui s’essaie au rugby le temps d’un entraînement ou encore Sakho, repéré à la sortie des cours. Des anecdotes qui introduisent une conversation sur les débuts prometteurs des trois sportifs.
“Au delà du talent, du travail, il faut un petit peu de chance bien sûr” assure Blaise Matuidi
Tous les trois sont passés par des formations, à Lens, Paris et Troyes. “Tu grandis dans un tout autre environnement. Tu penses foot, tu te lèves foot, tu manges foot, tu dors foot, et avec les études à côté c’est vraiment pas évident pour un gamin de 12 ans” raconte Mamadou Sakho, aujourd’hui défenseur pour Liverpool. L’autre défenseur central, Varane approuve, et parle d’une “cohérence” parfois difficile à garder.
“Le football pour moi ça a été une forme d’éducation. J’ai appris le respect, j’ai appris à me coucher tôt, j’ai appris une certaine exigence.” – Mamadou Sakho
Blaise Matuidi et Mamadou Sakho, qui ont joué ensemble au Paris Saint-Germain, partagent tous deux un autre point commun : ils postent énormément de photos de leurs familles. “La famille c’est sacré” dit Sakho. “Quand tu grandis, que tu as des enfants, tu évolues, tu vois la vie différemment”. Raphael Varane, le défenseur du Real de Madrid, poste quant à lui beaucoup de selfies, souvent en compagnie de Karim Benzema, quelques fois avec des dauphins.
Les joueurs de l’Équipe de France racontent leurs journées, rythmées par les entraînements, et par des goûts musicaux visiblement divers. “Je passe de Withney Houston, à du Gradur, Rohff, Booba. Là, j’ai téléchargé l’album d’Adèle” confie Sakho. Beyonce, Kofi Olomidé pour Matuidi. Les deux papas parlent aussi avec passion des dessins animés qu’il regardent en compagnie de leurs filles.
“Y’a rien de plus beau que de gagner une compétition dans son pays, on l’a vu en 98.” – Blaise Matuidi
Mouloud fait ensuite passer un message un peu particulier aux footballeurs. L’acteur Omar Sy demande à l’équipe de France d’essayer de créer une nouvelle génération 98 avec cet Euro 2016, qui se disputera dans le pays.
“Aujourd’hui on se donne le droit de rêver de ça. Ça peut être réalité, donc on va se donner tous les moyens pour y arriver” répond Matuidi. “Représenter la France c’est déjà une grande fierté. À chaque fois qu’on porte le maillot bleu c’est des grandes sensations, parce que c’est représenter le pays, c’est juste énorme.” conclue Varane.
La Coupe du Monde 98 reste le souvenir marquant de la vie des trois joueurs. Si le défenseur du Real était peut-être encore un peu trop jeune (5 ans), Sakho lui, s’en souvient distinctement : “On sentait le pouvoir du sport, la force du football de pouvoir réunir tout un peuple. À ce moment là y’avait plus rien qui comptait, ni couleur de peau, ni religion, tout le monde se sautait dans les bras”.
“Le joueur de foot ne peut pas régler tous les problèmes de société” – Mamadou Sakho
Avoir la responsabilité de faire naître un tel mouvement de foule semble mettre une grande pression aux joueurs. Les athlètes sortent à peine du choc du match du 13 novembre. “Il fallait continuer de vivre c’est ce qu’on a essayé de faire, on avait un match à jouer, même si on avait vraiment pas la tête à ça, il fallait représenter le pays, et on a essayé de le faire, avec notre coeur et beaucoup d’émotions” raconte Blaise Matuidi.
Les trois joueurs concluent en évoquant leur idée de la France. “Main dans la main tous ensemble on peut avancer et faire de belles choses” assure le joueur de Liverpool, laissant Varane ajouter que les français partagent avant tout « des valeurs communes ». Le mot de la fin est pour Mamadou Sakho : “La France a été une terre d’accueil pour nos parents. Les enfants d’immigrés doivent être fiers d’être français. Nouveaux, anciens, peu importe, on est tous français ».