À l’occasion de son concert au Trianon le 17 mai dernier, Mouloud Achour s’est entretenu avec ILoveMakonnen. Pour Clique, il est revenu sur son parcours hors du commun, la dépression, les médias, les relations amicales, son rapport avec Drake qui l’a propulsé au rang de star grâce au titre « Tuedsay » sorti en 2014.
Mouloud Achour commence par aborder l’enfance de l’artiste qui a beaucoup de versions différentes : « Je me demande ce que les gens savent vraiment. Je suis né aux états-unis je crois. J’ai grandi entre Atlanta et Los Angeles. Plus à Los Angeles quand j’étais adolescent, et je suis revenu à Atlanta ».
Mouloud Achour revient alors sur le 11 septembre comment ce triste événement a influé sur le chanteur. « C’est triste ça m’a marqué. je me souviens avoir déménagé … tout a changé aux USA après ça. Je suis resté à Atlanta, au lycée. Apres le lycée je me suis retrouvé dans une mauvaise situation. Un de mes amis est mort. J’ai été placé en liberté conditionnelle et assigné à résidence pendant deux ans. Deux ans d’assignation et sept de liberté conditionnelle. Pendant cette période, la musique et l’art m’ont servi à ne pas sombrer dans la dépression. J’ai créé mon blog Myspace et commencé à m’intéresser à des artistes de tous horizons. Juste pour le plaisir de partager leur art. Ça m’a aussi permis de faire beaucoup d’heureux. En parallèle je composais pour moi. Mais je n’étais pas encore assez sûr de moi pour faire connaître ma musique. Je préférais parler aux artistes pour leur demander comment ils avaient passé le cap et réussir à partager leur art sans craindre le jugement des autres. Dans mes recherches, j’ai reçu plein de conseils. qui m’ont beaucoup aidé. J’ai commencé à me les approprier et à partager ma musique sans crainte. Maintenant je reçois les mêmes retours que je donnais à ces artistes à l’époque, de la part de mes fans. »
Mouloud Achour questionne ILoveMakonnen sur ses tweets de développement personnel : « Je le fais juste à ma manière, je ne veux pas brusquer les autres. Je n’aime pas ça. J’ai juste envie de donner des conseils au gens et de leur montrer la bonne direction comme on l’a fait pour moi ».
Durant l’entretien, le rappeur s’est aussi exprimé sur l’argent : « Il n’y a pas que l’argent. Parfois les plus riches sont ceux qui s’ennuient le plus. C’est ce que j’ai remarqué depuis que je fais ce métier. J’ai juste envie de vivre ma vie, d’en profiter tant que je suis encore en vie, d’apprendre et d’avancer. Essayer d’évoluer. Je ne peux pas me reposer sur mes lauriers. Si j’ai trop de succès, je ne suis pas tranquille. Je aime pas en faire trop. Il faut que je continue comme et l’argent ne m’intéresse pas. Le plus difficile c’est de s’accepter et de s’aimer tout en partageant avec les autres. C’est un gros problème chez les rappeurs et les gens en général : s’accepter soi-même, accepter les autres et faire sa place. c’est bien plus difficile que de gagner de l’argent. User est arrive et a gagné des millions en un rien de temps et les gens essaient encore de s’accepter ».
« Quand j’ai sorti Tuesday, j’ai tout de suite senti que c’était un hit. J’ai senti que la chanson valait le coup bien avant son succès. C’est surtout les gens qui ont changé. Ils se comportent différemment, on m’écoute plus. Dès que tu as de l’argent, tu comptes à leurs yeux pour ton compte en banque. »
ILoveMakonnen ajoute alors : « Je n’ai pas l’impression d’avoir changé, je prends les même décisions, que je sois fauché ou millionaire. l’argent ne fait qu’accentué les traits de personnalités. Si tu es quelqu’un d’avare, plus tu gagneras d’argent, plus tu deviendras radin et vice-versa ».
Mouloud Achour fait alors allusion à la chanson « Mo Money Mo Problems » de Notorious B.I.G. en comptant ce qu’il vient de dire au refrain du morceau : « plus d’argent c’est plus de problèmes. » Dans le cas d’ILoveMakonnen plutôt : « plus argent, moins de poids. »
L’artiste se confie donc sur son rapport à l’argent. Pour lui, « les problèmes te font courir. Tu dois être en forme pour porter le poids du monde sur tes épaules ». Il a l’impression que plus il gagne de l’argent, meilleures sont ses décisions. Désormais il s’investit et sait ce qu’il faut faire pour continuer. Il veut faire plus de scène et travailler mon endurance. Pour ça il doit boire plus d’eau.
Mouloud Achour le lance alors sur les drogues. ILoveMakonnen n’a pas arrêté.
Il confie qu’il continue « à faire la fête un peu comme tout le monde mais avec modération. En revanche, il est bien plus conscient de sa santé. Il ne faisais pas attention et buvait beaucoup de « lean » . Maintenant c’est fini. »
Mouloud Achour revient alors sur l’on assignation à résidence de l’artiste. Il demande au natif d’Atlanta quelle est la chose la plus difficile pour lui quand il est en dépression, rester seul à maison ou chanter devant une foule de gens qui l’admirent. ILoveMakonnen confie « qu’il est plus difficile de chanter devant une foule parce que tout le monde pense qu’il est aux anges. Pour lui dès qu’un artiste se plaint, les fans vont le remarquer ».
Il pense que cette situation « déshumanise les artistes. Ils ne doivent pas avoir des états d’âme, leur vie doit être une fête permanente. »
ILoveMakonen parle ensuite des gens qu’il a rencontré depuis son ascension. Mouloud Achour le questionne sur des stars qui pourraient être en dépression. Le rappeur rétorque que ces stars le sont presque toutes. Il relate son histoire pour l’expliquer. « J’ai commencé très bas quand j’ai débarqué à Hollywood, avec ses palaces et ses grands artistes. Certains sont heureux pendant un moment parce qu’ils tombent amoureux, mais la plupart ont l’air triste, comme s’ils recherchaient un ami sincère, quelqu’un à qui parler. Ils veulent pouvoir s’exprimer librement, sans passer pour des faibles, des geignards ou des ingrats. Ce n’est pas une vie facile et les artistes ont parfois besoin de se confier. »
Mouloud Achour demande au rappeur connu pour sa dépression s’il est heureux.
« Parfois je ne me sens pas vraiment triste mais j’aimerais partager tout ça avec plus de monde ou avoir plus d’amitiés sincères. J’aimerais qu’on arrête de me voir comme une star et qu’on me voit comme quelqu’un avec qui on peut déconner. »
Mouloud Achour lui demande alors si le star-système était mieux avant. Selon l’artiste, oui.
« Une star illumine toute une pièce au lieu de se mettre en avant et d’écraser les autres. C’est ce que Drake a fait en remixant Tuesday. Il nous a fait briller tous les deux. C’est ce que font les vraies stars, elles font briller les autres. »
Mouloud lui a aussi demandé la nature de sa relation avec Metro Boomin : « On s’est connu grâce à Mike Will. Mais je le connaissais déjà grâce à Sonny Digitaln à Atlanta. Ils travaillaient tous avec Gucci Mane qu’on entendait partout à l’époque. Donc j’ai rencontré Metro Boomin grâce à Mike Will, qui lui a fait écouter des morceaux à moi. Metro Bodmin lui a dit qu’il aimait bien ma voix. Il m’a proposé de collaborer et j’ai accepté. Il m’a donné son numéro et il est allé au festival South by Southwest. Quand il est revenu, j’étais tout le temps en contact avec lui et lui disais de venir. Il est venu et on a collaboré dès le premier jour sur toutes les chansons : “Tuesday”, “Too Much” … et quelques autres… “Sarah”. Tout ça en un jour. On fait un bon duo, on tient quelque chose. Puis Sonny Digital nous a rejoint. Le lendemain je suis allé chez lui et on a fait “I Don’t Sell Molly”. On l’a sortie. Puis Metro Boomin… a sorti d’autres chansons. Et c’est comme ça que tout a commencé. »
Pourtant il ne sait pas si le producteur sera sur son nouveau projet : « Je ne sais pas trop, Je ne parle pas beaucoup avec lui . Il n’a plus le temps. C’est boomin. A temps plein, ce qui est cool. C’était le but, de faire exploser sa carrière. De faire exploser ma carrière et la sienne. On a fait pas mal de chemin ensemble. Mais si l’univers nous réunit à nouveau, je ne serai pas contre, même si ce n’est plus du tout la même chose. »
Sur le rôle des médias, l’américain reste perplexe : « J’en sais rien, c’est comme ça que les médias fonctionnent aujourd’hui. La paix ne nous intéresse pas. Si je critique cinq fois Drake, ça sera repris des centaines de fois, mais si je publie des centaines de compliments sur lui, personne n’en tiendra compte. On ne s’intéresse qu’aux cinq critiques, alors que j’ai dit des centaines de trucs positifs. J’essaierai de me défendre en parlant des cent compliments. Rien à faire ! On me demandera de m’expliquer sur les cinq critiques. Ils ne voudront pas parler des compliments, juste des critiques. Qu’est ce que je peux y faire ? »
A propos du nouvel album de Drake, le rappeur botte en touche : « Je ne sais pas quoi dire. Je ne commente pas ce que font les autres, je leur souhaite juste plein de succès. »
Mouloud Achour lui demande finalement sa définition d’une Clique : « Pour moi une clique c’est un groupe de gens qui se démarquent, mais une fois ensemble, ils forment un beau groupe. Chacun a sa spécialité : l’un conduit, l’autre est pilote d’avion, un troisième est dans la technologie, une quatrième dans la mode, et le cinquième est ninja. Un grand groupe de personnes avec des qualités différentes et qui savent ce qu’elles valent. Ensemble ils forment une clique prête à conquérir le monde. »