"Tu n'expliques rien, ô poète, mais toutes choses par toi nous deviennent explicables" écrivait Claudel dans "La Ville" (1893). Quoi de mieux aujourd'hui, alors, que de faire appel à la poésie ? "Arrachez-moi le coeur vous y verrez Paris", écrivait Louis Aragon dans un de ses fameux poèmes sur la Ville Lumière intitulé "Paris 42".
« Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre. Que mon Paris défiant les dangers. Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai ». En 1944, Louis Aragon est âgé de 47 ans lorsqu’il écrit « Paris ». Le poète glorifie la capitale qui sort de la guerre. Malgré les souffrances, la destruction et l’humiliation de l’occupation allemande, Paris reste fort : « Carreaux cassés l’espoir encore y luit ».
Louis Aragon, « Paris », 1944
Où fait-il bon même au coeur de l’orage
Où fait-il clair même au coeur de la nuit
L’air est alcool et le malheur courage
Carreaux cassés l’espoir encore y luit
Et les chansons montent des murs détruits
Jamais éteint renaissant de la braise
Perpétuel brûlot de la patrie
Du Point-du-Jour jusqu’au Père-Lachaise
Ce doux rosier au mois d’août refleuri
Gens de partout c’est le sang de Paris
Rien n’a l’éclat de Paris dans la poudre
Rien n’est si pur que son front d’insurgé
Rien n’est ni fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers
Rien n’est si beau que ce Paris que j’ai
Rien ne m’a fait jamais battre le coeur
Rien ne m’a fait ainsi rire et pleurer
Comme ce cri de mon peuple vainqueur
Rien n’est si grand qu’un linceul déchiré
Paris Paris soi-même libéré.