Nous avons rencontré Trey Songz il y a deux semaines, lors de son concert avec Nicki Minaj, au Zénith de Paris. Pour celui qu’on surnomme souvent le « chanteur le plus sexy du monde », 2015 est l’année du succès : après avoir propulsé son album Trigga à la 1ère place du classement Billboard dès la semaine de sa sortie, en juin dernier, il est en tournée mondiale.
Entre quelques anecdotes sur son enfance, sur R.Kelly ou encore Stevie Wonder, Trey Songz nous parle de sa stratégie business, du racisme latent de l’industrie musicale, et des difficultés que rencontre aujourd’hui un artiste – même de son envergure – à se faire une place dans le monde de la musique, aux États-Unis.
« Je n’avais pas réalisé que j’étais pauvre ».
Enfant, Trey Songz est élevé par sa mère, dans un milieu modeste. « À Petersburg, en Virginie on n’avait pas grand-chose », raconte-t-il. À présent, il s’investit dans la vie culturelle de sa ville d’origine et se concentre sur le soutien aux mères célibataires.
« J’ai appris à faire de la musique comme on fait du business ».
Son dernier album l’a promu au rang de star internationale. Mais avant cela, Trey Songz avait sorti cinq autres disques, bien moins remarqués. « J’en suis à un stade de ma carrière où j’ai pris le taureau par les cornes », nous explique-t-il. Cette absence de succès instantané, ajoute-t-il, lui a été bénéfique : elle lui permet de mesurer sa chance.
« Aujourd’hui, dans la musique, ta musique est étiquetée dans un genre selon la couleur de ta peau ».
Pour Trey Songz, la société américaine est dans une phase de transition, à une époque où la population s’identifie à des stars comme Nicki Minaj, Beyoncé, Jay-Z, mais où les bavures policières sur les Noirs sont régulières. Dans l’industrie musicale, c’est pareil : « Les frontières sont brouillées », dit-il, mais les clivages persistent, le plus souvent guidés par la couleur de peau du chanteur : quand « Miley Cirus, Adele, Ed Sheeran font du R’n’b, c’est considéré comme de la pop », alors que ses propres albums sont systématiquement placés dans la catégorie « musique urbaine ».
« Mes chansons qui ont le plus de succès, ce sont les chansons jetables »
Au détour d’une discussion sur l’audace scénaristique de la série « Empire », Trey Songz nous raconte comment la sortie de deux de ses plus gros succès, « I invented sex » et « Say aaah » a été reculée jusqu’à ce que les morceaux leakent. Il nous parle de sa relation avec R.Kelly et de la difficulté, aujourd’hui, à concilier « tubes » et recherche musicale :
« J’applaudis les gens comme Kendrick et J.Cole, qui vont à l’encontre de ce qu’on entend d’eux. Aujourd’hui ça fait encore plus peur, parce que tout est superficiel ».
On apprend aussi que lors d’un duo sur scène, Stevie Wonder a gentiment remis à sa place l’auteur de « I invented sex » :
« Les premiers mots que Stevie Wonder m’a dit, c’est : « J’AI inventé le sexe, j’ai 10 enfants! »
Avant d’ajouter : « J’essaye de monter une équipe de basket ».