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Clique x Zoumana Camara – Part 2

Voir Clique x Zoumana Camara – PART 1

Né en 1979, Zoumana Camara a grandi à Colombes, avec ses frères et soeurs, dans une famille nombreuse d’origine malienne. Mouloud lui demande comment il a attrapé le virus du foot :

« J’ai découvert le foot au quartier, dans ma cité à Colombes, je me rappelle, je jouais avec des plus grands que moi. Tu sais il y a une question d’honneur dans la cité, donc si tu te fais dribbler par un petit… Je me débrouillais pas mal à l’époque donc on m’envoyait dans les buts. J’avais pas trop le choix, j’ai commencé gardien. »

Au bout d’un moment, des amis lui ont dit de s’inscrire dans un club. Il s’inscrit au Racing avec certains d’entre eux, et raconte comment le foot est devenu, pour lui, un élément de sociabilité.

« Quelques fois, ça a réglé des problèmes quand il y avait des embrouilles.T’avais l’impression d’être de la même famille que le mec en face parce que vous étiez dans le même club. »

Mouloud : « J’ai du mal à t’imaginer turbulent, c’était quoi ta turbulence à toi ? »

« Ah, au début j’étais un peu chaud, je me suis calmé vers l’âge de 16-17 ans ».

Mouloud : « C’était comment le Racing ? »

« J’ai côtoyé des éducateurs exceptionnels. C’était pas seulement le football. C’était un état d’esprit, une manière de se comporter. Quand on allait dans un tournoi, pour moi, on représentait les couleurs du club et les valeurs (…). Le respect des autres, le respect des horaires, c’était très important pour eux et j’ai grandi dans ça ».

« A l’époque mes parents n’avaient pas toujours les moyens de m’acheter des chaussures. Parfois, les éducateurs me donnaient les crampons de leurs fils, ou des équipements. Je les remercie toujours ».

Mouloud : « T’as le souvenir de la première fois qu’on t’a payé pour jouer au foot ? »

« Oui, j’étais arrivé à Saint-Etienne. Je m’en souviens parce qu’à l’époque je voulais m’acheter une paire de Timberland. À l’époque elles coûtaient 1000 francs. Ma paye était de 800 francs, il en manquait 200. J’ai dû attendre le mois d’après pour avoir le compte et pouvoir m’acheter ma première paire de Timberland ».

Il raconte ses premiers mois à Saint-Etienne : quitter la famille, Paris, les amis… subir, parfois, le bizutage des anciens :

« Les mecs viennent dans ta chambre te badigeonner de moutarde, ils t’ouvrent le sel à table et tout s’ouvre, et tu dois accepter ces règles-là ».

Pas toujours facile… :

« En arrivant, j’étais un peu à l’état brut ».

Après le centre de formation, il quitte la France pour jouer en Italie, à l’Inter de Milan :

« Il y avait que des grands noms. Le soir où j’ai su que Ronaldo arrivait le lendemain, je n’ai pas dormi ! Et je me rappelle le jour de son arrivée, il y avait 3000 personnes devant le centre d’entraînement pour l’accueillir. Et moi quand je suis arrivé je le regardais, comme ça, discrètement. Quand il tournait la tête, je déviais le regard pour pas faire le fan. »

Il passe ensuite un an à Bastia (il appartient toujours à l’Inter, qui le prête). Il signe à Marseille, pour 4 ans, puis il va à Lens. Après un détour par Leeds, en Angleterre, il revient à Saint Etienne, pour 3 ans… Et arrive finalement à Paris, d’où il n’est plus jamais parti.

Mouloud note qu’il est arrivé au PSG en 2007, date de l’élection de Nicolas Sarkozy, lui-même grand fan de l’équipe. « Hasard ou coïncidence ? »

« Hasard ! »

« Il y avait une polémique autour de ça. Il venait souvent voir nos matches et il descendait. Des gens disaient que Sarkozy était le président de la France, qu’il devait être le président de tous les clubs. Moi je n’étais pas d’accord. C’était aussi un citoyen comme tout le monde il avait le droit d’aimer une équipe plus qu’une autre ».

Mouloud : « Qu’est-ce qui met le plus la pression : le club des supporters du PSG ou le Président de la République ? » « C’est pas pareil », selon Zoumana Camara. Mais il précise que Nicolas Sarkozy est passionné de foot :

« Il suit vraiment, franchement c’est étonnant ».

On évoque avec lui Zlatan Ibrahimovic :

« Entre Zlatan et moi, ça a bien pris. Derrière cet image de mec dur, arrogant, c’est un mec cool avec qui tu peux rigoler, avec qui tu déconnes tous les jours ». (…) Il aime beaucoup chambrer, on s’amuse beaucoup ».

Mouloud : « Il parle vraiment en Zlatan » ?

« Il ne parle pas de lui à la troisième personne. Il le fait en déconnant, mais sinon en général, il n’exagère pas avec ça ».

Mouloud : « C’est qui les plus gros vanneurs au PSG ? »

« Lavezzi, enfin lui c’est pas vraiment un vanneur, c’est de la déconnade. Thiago Motta, il est pas mal. David Luiz… »

On lui demande pourquoi, de l’extérieur, les joueurs du PSG ont l’air beaucoup plus sérieux, fermés.

« Ils ne faut pas juger les gens sur l’image qu’ils montrent : quelque part, avec ce métier, tu es obligé de te créer une carapace ».

« On évolue dans ce métier avec, toujours, cette crainte que ce qu’on dit soit déformé ».

Mouloud : « Est-ce qu’i y a une incompréhension de la part des journalistes sportifs, par rapport aux joueurs de foot ? »

« De plus en plus, tu as des journalistes qui sont issus du football, qui ont fait des carrières. Tu te rends compte que quand il y a du vécu, ils peuvent comprendre beaucoup plus de choses. Ils sont beaucoup plus indulgents ».

Mouloud : « Pourquoi est-ce que l’on considère les joueurs de football comme des gens qui devraient avoir un avis ? »

« Dans ce qu’on peut dire, dans ce qu’on peut véhiculer, on est des exemples. Ils estiment qu’on est des modèles. Nous, on estime qu’on est des footballeurs et qu’on fait des erreurs comme tout le monde. On ne choisit pas d’être des modèles, on le devient ».

Mouloud revient sur la polémique suite aux propos de Zlatan, qui, excédé à la fin d’un match, avait qualifié la France de « pays de merde ».

Zoumana Camara explique que plusieurs facteurs ont pu expliquer ce comportement impulsif : la sortie de blessure, la pression du titre en jeu, la surprise face à la faute, la défaite…

« Ça a pris une ampleur énorme. Tu as l’impression que quand c’est un joueur du PSG, quand c’est Zlatan en plus, ça va faire beaucoup plus parler ».
« Il est à la fois surpris et déçu qu’on sorte des propos comme ça, après un match, après tous les éléments que je t’ai cités, et qu’on en fasse toute une montagne, que ce soit repris par des politiques… Il se dit « nous on vient dans ce pays pour apporter notre expérience, on fait tout, en termes de football, en termes d’images, et pour une petite phrase on est attaqué de toutes parts ».

Zoumana Camara est musulman. Mouloud lui demande quelle est l’importance qu’il accorde à la foi.

« Au-delà du sport, la foi permet d’apaiser, dans les moments difficiles. De relativiser et de se dire qu’on aura des jours meilleurs ».

Mouloud : « Qu’est-ce que tu penses de la vision qu’ont les Français, en ce moment, de l’Islam ? »

« Les musulmans le répètent souvent : c’est une religion basée sur le respect de l’autre. Aujourd’hui, j’ai l’impression que c’est beaucoup d’amalgames. Ils mettent un peu tout le monde dans le même sac. Et quand ils entendent Islam aujourd’hui, ils ont peur. Ils se tendent, alors que l’Islam ça parle de valeurs, de respect ».

Quelque part, il faut connaître son prochain pour pouvoir le respecter et mieux le comprendre. Moi avant de détester une personne ou de l’apprécier, j’ai besoin de la connaître ».

Mouloud : « Est-ce que le fait que les propriétaires du PSG soient musulmans ça compte ou pas pour toi ? »

« Non, ils n’ont jamais mis ce côté-là en avant. Ça reste professionnel ».

« Je veux être perçu comme quelqu’un de professionnel, pas comme quelqu’un qui a la même religion que les propriétaires ».

Mouloud : « Est-ce que t’as un truc à dire au petit de quartier qui veut être footballeur ? »

« Si les jeunes de quartier veulent en faire un jour leur métier, c’est ce que je leur souhaite, c’est pas facile. Mais qu’ils le fassent pour l’amour du football et la passion. Surtout pas pour la thune. Tous ceux qui veulent le faire au départ pour ça se cassent la gueule ».

Qui sera au PSG l’année prochaine ?

« Je ne peux pas te dire, je ne suis pas dans les petits papiers. »

Zoumana Camara sera-t-il encore présent ?

« Oui, mais dans un autre rôle ». (…) « Le football m’a tout donné, je veux lui rendre ». « Ce serait une fierté, d’accompagner un joueur qui au départ a peut être un talent ou pas, l’accompagner et le faire devenir quelque chose de grand ».

Mouloud : « Et qu’est-ce que tu souhaites pour tes filles ? »

« Des valeurs, des valeurs, des valeurs. Et un mari qui les respecte ».

Mouloud : « C’est quoi tes valeurs ? »

« Le respect ».

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