CLIQUE WEAR : Collection Fila Björn Borg, au Valhalla du sportswear

Tournoi de Monte Carlo, début des années 70 ; Enrico Franchey, directeur général de Fila, remarque un jeune joueur suédois. Il est beau-gosse, mutique, et il y a de la dynamite dans son revers à deux mains. Franchey comprend illico qu’il est tombé sur le poster boy idéal. Et pendant que ce jeune homme commence à mettre le grappin sur le tennis mondial, Franchey fait rédiger un contrat maous.
1975, Björn Borg signe avec Fila, lançant le début d’une collection iconique issue de la collaboration entre une des marques de sportwear les plus iconiques à ce jour et le tennisman le plus iconique de tous les temps, rien de moins.

Pendant dix ans, les collections Fila Bj, dessinées par le génial Pier Luigi Rolando (que les Dieux du style le bénissent) vont traumatiser toute une génération de connoisseurs. Simples sportifs ou tennismen amateurs tout d’abord, cette première cible n’est pas la clientèle qui va faire de Fila Bj un mythe vestimentaire.
Rapidement adoptées par une rue propice à la transversalité des luttes, les collections Fila deviennent des must-have dans toutes les zones d’habitats sociaux, en France comme en Angleterre, où reur-ti et terrace boys révèrent leurs tissus de qualité et leurs designs ultra smart, tout droit sortis des usines italiennes.
Parmi la pléthore de modèles Bj, arrêtons-nous sur deux des plus sublimes selon-moi : la veste Settanta MK1, première de celles portées par le grand Björn à Wimbledon. Déclinée en quatre couleurs dominantes : rouge, bleu, vert vif et ciel et bleu, la teinte crème secondaire donne à l’ensemble une distinction installant ce simple haut-de-survêt’ bien au delà du terrain du sportswear. De plus, la composition unique de son tissu, 25% laine 75% acrylique, lui donne un tombé incomparable, faisant de ce zipper une pièce mythique permettant de rester chic en toute circonstance.

La seconde pièce incontournable est la veste Terrinda MK3. Sortie en 1982, elle marque la dernière collection Fila Bj. Exclusive par son design col officier et la finesse de son tissu peau-de-pêche, elle est hors de prix et devient instantanément un classique convoité par tous les lascars qui se respectent.
À l’instar d’Adidas avec Run DMC ou Le coq sportif avec Jazzy Jeff & The Fresh Prince, Fila fait avec la Terrinda MK3 une des premières incursions du sportswear dans la pop, en étant portée par George Michael et Andrew Ridgeley de Wham à de nombreuses occasions. À la suite de quoi elle est surnommée la Wham jacket dans toutes les té-ci d’Angleterre, sans pour autant voir son étoile pâlir dans le cœur des casuals aux poings couturés.

Hélas, toutes les bonnes choses ont une fin, en 1986 Fila stoppe sa collaboration avec Björn Borg, qui lui a déjà quitté le circuit pro trois ans avant. Une page se tourne, 1975-1986, cette décennie représente un âge d’or du sportwear, jamais revenu depuis. Où plusieurs marques italiennes, Fila évidemment, mais aussi Tacchini, Ellesse et dans une moindre mesure Conte of Florence, régnaient sur la tendance en proposant des collections ultra inventives et sans concession sur la qualité, créées par des stylistes hyper doués. 1986 est aussi l’année au cours de laquelle John McEnroe, poster-boy de Tacchini, décide de mettre sa carrière sur pause. Coïncidence ? Je ne pense pas.