Numéro de carte bancaire, adresses mails, téléchargement d’applications-guides : les grands musées incitent de plus en plus leurs visiteurs à livrer leurs données personnelles – souvent en échange d’une mignonne rétribution, comme une carte de membre, ou un emplacement au parking. C’est ce que note la journaliste Ellen Gamerman du Wall Street Journal, qui consacre au sujet une passionnante enquête. Au-delà du côté « Big Brother » et de l’intérêt mercantile (les musées optimisent leurs ventes de souvenirs grâce à des offres personnalisées), cette manie de sonder le comportement du public pose des questions spécifiques au domaine de l’Art.
Les institutions concernées soutiennent que le dispositif est utile. Collecter les données, affirment-elles, c’est mieux connaître le public, et pouvoir lui proposer une expérience unique. D’autres à l’inverse flairent le danger pour la création. Faire du sur-mesure pour les visiteurs, s’inquiètent-t-elles, est-ce vraiment là le rôle des musées, qui ont toujours fait office de prescripteurs, voire même de poil à gratter ?
Illustration © Morgan Schweitzer