De Donny à Lalah Hathaway, en passant par Dr. Dre.
« Whatcha gonna do when you grow up? » (« Qu’est-ce que tu vas faire quand tu seras plus grand ? »). C’est par ce questionnement que commence « Little Ghetto Boy », chanson culte de Donny Hathaway sortie en 1972. 43 ans plus tard, c’est au tour de la fille du musicien, Lalah, de se poser les questions qui tiraillaient son père, dans une reprise sortie en octobre 2015.
« Little Ghetto Boy » s’interroge l’avenir de ces enfants des quartiers mal famés des États-Unis. « All of your young life, you’ve seen such a misery and pain » (« Toute ta jeune vie, tu as vu tant de misère et de douleur ») se lamente Lalah Hathaway en écho à son père, en montrant dans son clip les nombreux visages de ces enfants perdus.
De par son sujet et la beauté de sa mélodie, le morceau est devenu un classique, samplé à de nombreuses reprises. Mais avant le Wu Tang Clan, en 1992, c’était sur l’album « The Chronic » de Dr Dre qu’apparaissait le sample de Donny Hathaway. Sur le morceau « Little Ghetto Boy », Dre, Snoop Dogg et Nate Dogg racontaient leurs histoires personnelles de « ghetto boys ». Un hommage particulièrement approprié, devenu incontournable.
Aujourd’hui, « Little Ghetto Boy » a 43 ans. Le gamin des rues aurait pu grandir, sortir de la misère, malgré le pessimisme de Donny Hathaway dans la chanson originelle. Malheureusement, « le monde est cruel, et ne changera jamais » (« The world is a cruel place, and it ain’t tonna change »« ).
La misère, le racisme et la violence policière semblent chaque jour ravager un peu plus de vies. En 2015, 1 134 jeunes afro-américains de 15 à 34 ans ont été tués par des policiers aux États-Unis, 5 fois plus que des blancs du même âge. Selon certains chiffres, près de 95% des décès liés aux violences policières dans le pays ont eu lieu dans des quartiers pauvres. Le garçon de la chanson semble condamné à rester bloqué dans son ghetto, pour le pire. En 2016, il est essentiel d’écouter ce que dit Donny Hathaway dans « Little Ghetto Boy », et de croire à sa dernière phrase : « everything has got to get better » (« tout doit encore s’améliorer »).