« Si tu dis que tu viens de Panjwai, les gens ont peur de toi ». À une heure de route de Kandahar en Afghanistan, ce district traîne une réputation d’extrême violence. Il a notamment été le théâtre d’un massacre de 16 civils le 11 mars 2012, dont le principal suspect, le soldat américain Robert Bales a été inculpé à perpétuité. C’est dans ce contexte sanglant qu’un jeune homme de 22 ans, Matiullah Wesa, a décidé d’ouvrir une bibliothèque.
Dans son reportage pour le New-York Times, le journaliste Mujib Mashall décrit le combat pour la diffusion du savoir de cet étudiant en science politique à l’Université de Kandahar. Via son association « The Pen Path » ( La voie de la plume en version française) qu’il a créé en 2008, Matiullah Wesa récolte des livres à travers tout le pays et recherche des citoyens susceptibles d’accueillir chez eux ces bibliothèques citoyennes.
C’est en voulant marcher sur les traces de son père, à l’origine d’une des premières écoles de la ville de Maruf, que ce jeune Afghan s’est découvert une passion pour la diffusion du savoir avant de devoir fuir les violences et de s’installer avec sa famille à Spindalbak. Encore adolescent, Matiullah participe alors à l’ouverture de la bibliothèque familiale dans sa nouvelle ville.
Le combat entre Talibans, forces armées afghanes et américaines a laissé des traces. Malgré tout, la confiance revient dans la région de Panjwai qui se pacifie peu à peu. « Quelques années auparavant, je ne pense pas que j’aurais fait de mon domicile une librairie (…) Tout le monde était suspicieux de tout, et je ne voulais surtout pas importer des problèmes » raconte Hazrat-Wali Haidary, étudiant en médecine, fils aîné d’une famille accueillant une librairie à Panjwai.
Grâce au travail de Matiullah Wesa, ce sont déjà sept bibliothèques de ce genre qui ont ouvert à travers le pays depuis 2008. Une initiative que le jeune libraire citoyen compte poursuivre, notamment grâce à l’appui potentiel de philanthropes qui commencent à s’intéresser à son combat.
Lire le reportage en intégralité sur le site du New York Times
Photographie à la Une © Andrew Quilty