Forcés de quitter le Bois Dormoy, les migrants ont dû reprendre la route jeudi 11 juin à 17h30 pour la quatrième fois. Dès la sortie du Bois le cortège est divisé : un seul bus a finalement été affrété et seules 50 personnes peuvent être hébergées. Le Parti Communiste veut accepter, le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) non. Le parti prend la tête après un accrochage et c’est à marche forcée que les militants et les migrants se sont rendus jusqu’à la caserne désaffectée de Château-Landon, où ils se sont barricadés pendant près de cinq heures. L’Armée du Salut occupait déjà une dépendance dans la caserne et ceux venus y manger ont préféré sortir. Les bénévoles eux sont restés et après un moment de réflexion ont décidé d’aider les migrants.
Après des affrontements violents autour de la caserne puis des négociations à l’intérieur, une promesse est signée par Mathias Vicherat (le directeur de cabinet d’Anne Hidalgo) d’héberger 110 migrants. Ces places étaient donc bien disponibles dès le départ… Sans commentaire pour le négociateur de la préfecture, aussi atterré que les militants. C’est encore insuffisant puisqu’une trentaine de migrants est repartie sur la route, sous les yeux de autorités, escortée par les militants à la recherche d’un lieu pour dormir.
Au Bois d’Ormoy, dans l’attente du départ.
Dans la rue, les migrants reprennent tous en coeur les chants de solidarité, confiants malgré la confusion.
La marche commence, emmenée par le NPA.
Les portes de la caserne s’ouvrent, après une vingtaine de minutes de marche.
Le joueur de tambour.
L’humour et l’esprit de corps. Sur le bras, tatoué : I <3 BSPP [Brigade de Sapeurs-Pompiers de Paris].
Un migrant cherche une pièce où il pourra passer la nuit.
Dans la cour.
« Je suis réfugié » / « La honte »
Un moment de détente pour tout le monde. L’Armée du Salut qui occupe une aile du bâtiment fournit de quoi boire et manger.
À travers les volets : les CRS ont encerclé le bâtiment.
Vers le sommet du mirador : 20 mètres d’ascension dans le noir.
Mohammed amplifie la musique de son portable avec le mégaphone.
Partie de foot improvisée.
Des militants et des migrants qui n’ont pas pu rentrer après l’arrivée rapide de la police tentent d’escalader les murs.
La charge ne se fait pas attendre.
Les CRS ont la main lourde sur le lacrymo ; le gaz brûle et irrite, même à l’intérieur.
Riposte : jets de pierres depuis les étages supérieurs.
Les militants et les soutiens restés dehors reforment les rangs et entament le Chant des Partisans avec une fanfare.
Un policier en civil, blessé à l’oeil.
Les migrants et les militants se réunissent pour exposer la situation et faire un choix : rester ou partir.
Après la signature de la promesse d’hébergement, la sortie se fait vers les bus de la BAPSA (Brigade d’Assistance aux Personnes Sans-Abri).
Une trentaine d’entre eux n’est malgré tout pas prise en charge par la préfecture, ils gardent le sourire encadrés par les militants.
Ce soir-là ils dormiront sous la pluie, dans les Jardins d’Éole, rue d’Aubervilliers. Jusqu’ici tout va mieux…