On aime, on partage : Clique a décidé de mettre en lumière des initiatives positives et de dresser le portrait de deux entrepreneuses qui tentent de changer le monde à leur échelle : Claire et Diane, les fondatrices de DreamAct.
DreamAct est une plateforme qui propose un E-shop recensant des produits conçus par des entrepreneurs engagés et approuvés par un comité d’éthique indépendant selon une série de critères; mais également un City-Guide, une sorte de Guide du Routard de l’économie sociale et solidaire, pour découvrir les villes autrement et s’engager dans des projets bénévoles.
Site web DreamAct
L’histoire commence avec deux amies, deux colocataires qui au terme de leur école de commerce décident de se lancer et de créer leur entreprise : DreamAct, une plateforme qui allie consommation responsable et économie sociale et solidaire. Après des parcours classiques en prépa, puis en école de commerce, chacune s’envole de son côté pour participer à des projets d’aide à l’entreprenariat social au féminin en Inde et au Pérou. C’est à leur retour que s’opère le déclic…
« On s’est demandées : est-ce vraiment obligatoire d’aller à l’autre bout du monde pour être utile ? »
Les deux amies décident de se renseigner sur la manière dont, à travers leurs gestes du quotidien et leurs choix de consommation, elles pouvaient agir. « Et là c’est la gifle, en se renseignant – dans une démarche personnelle -, on découvre des tas d’initiatives et de modèles de développement… On se dit qu’il fallait absolument les partager avec un maximum de gens… Du coup on a décidé de créer DreamAct », explique Diane.
« Il n’y avait pas besoin d’être des babas cool qui vivent en Ardèche pour apprécier ce qu’ils faisaient, on a eu envie de partager tout ça. » explique Claire, co-fondatrice de DreamAct
Quand on leur lance la question bateau « d’où vient cet engagement ? », c’est Claire qui se lance la première, avec franchise et simplicité : « je crois que je me suis un peu réveillée à 22 ans. J’ai fait le parcours hyperclassique du « t’es forte à l’école, du coup tu vas en prépa, après t’enchaînes sur l’école de commerce » en remettant toujours à plus tard la question fatidique de « qu’est-ce que je vais faire de ma vie ?». Et à un moment je me suis réveillée. J’ai commencé à me questionner sur le sens que j’avais envie de donner à mon travail ». Pour Diane, c’est différent : « Moi c’est complètement cliché, mais quand j’étais petite je voulais faire de l’Humanitaire… Quand j’étais en prépa, je ne savais pas vraiment ce que je faisais là, et si justement j’allais vraiment y apprendre quelque chose. Et là encore, cliché, je tombe sur les livres de Muhammad Yunus (économiste et entrepreneur bangladais ayant reçu le prix Nobel de la paix en 2006 pour son travail sur le micro-crédit et la création de la Grameen Bank – NDLR), et je réalise que c’est possible de concilier business et sens. »
Les produits du e-shop de DreamAct.
« Trouver des lunettes de soleil éthiques peut être très galère… On n’a pas que des bobos parisiens, on a des gens de partout ! », raconte Claire.
Promouvoir le local et créer une market place, ce n’est pas un peu contradictoire ? Elles nous expliquent : « c’est complémentaire. Les petits commerces n’ont pas de force de frappe et n’ont pas la chance d’avoir une présence sur le web… Donc on leur propose une market place qui respecte leurs valeurs ! » On soupçonne ici une petite pique pour Amazon, au cœur de scandales sur le traitement infligé à ses employés.
« Il y a un projet que j’aime particulièrement, celui du Petit Choiseul :
deux frères qui tiennent un bistrot à Paris qui sont indignés par la quantité de déchets organiques qu’ils produisent. Du coup, ils décident de commencer leur compost individuel, puis, ils l’élargissent en récupérant les déchets organiques des autres restaurants dans leurs arrondissement. Aujourd’hui, ils ont carrément construit un réseau à échelle nationale qui transforme le compost en biogaz » raconte Diane, un modèle de réussite d’économie circulaire (dont nous parlions il y a quelques semaines) qui débute par une initiative personnelle. « On est toujours fascinées par l’imagination de nos partenaires ».
Les bonnes adresse du City-Guide de DreamAct.
« Il y a des secteurs où c’est chaud d’être une femme, même au XXIe siècle. » Claire, co-fondatrice de DreamAct
On en a profité pour leur demander si ça changeait quelque chose d’être une femme dans l’entreprenariat en 2018. Claire reste dans un premier temps perplexe : « c’est une question que je trouve toujours bizarre, parce qu’on n’a jamais essayé d’être un homme entrepreneur… ». C’est vrai que vu comme ça… Mais progressivement les langues se délient, et Diane raconte : « C’était au tout début, sur un premier financement où on jouait notre vie, ou en tous cas la vie de DreamAct. Le mec arrive tout gras – tout vieux –, nous voit à la machine à café à 8 heures du matin avant de rentrer présenter notre projet devant le jury et il nous dit : « ah c’est vous les petites filles des box ? »… Est-ce que si on avait été des hommes, tu nous aurais traitées de « petit garçons » ? ».
« Aujourd’hui, il y a un taux de chômage en France qui est énorme, on a perdu plein d’industries françaises locales, et on a plein de problèmes environnementaux. Je pense qu’à un moment donné, il faut arrêter de se plaindre et remettre la faute sur la politique, les industriels etc., et juste se poser une seule question : comment moi, à mon échelle, je peux avoir une vraie influence là-dessus ? » – Diane
Et à ce moment-là, on a dit « on a beau adorer le bio, il faut admettre que ça coûte plus cher… ». Grossière erreur sur laquelle Claire nous reprend : « c’est faux, c’est une question d’information. Aujourd’hui, si tu as envie de consommer des légumes frais, sains, et pas cher, tu ne vas pas chez Carrefour… Tu vas dans l’AMAP (Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne – NDLR) du coin, où t’es en direct avec les producteurs de ta zone. Alors c’est sûr, tu vas manger beaucoup de chou pendant l’hiver mais ça va être des produits bio, locaux, qui aident le petit producteur ; et ça te coûte beaucoup moins cher qu’en grande surface ! ». On ressort de cette entrevue sur-motivés pour apporter – nous aussi – notre petite pierre à l’édifice, convaincus qu’il n’est pas si compliqué de consommer responsable, et que des solutions existent… – et ça fait du bien de le savoir .
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