« Mon nom est Jonterri Gadson. Je suis une poétesse noire qui ne restera pas silencieuse pendant que cette nation tue des Noirs. J’ai le droit d’être en colère. #lespoètesnoirsprennentlaparole ». Une légende, parmi celles qui constellent plus de 200 vidéos, postées depuis dix jours sur Youtube, Tumblr, Twitter et d’autres réseaux sociaux. Toutes sont assorties d’un hashtag, #BlackPoetsSpeakOut – « Les poètes noirs prennent la parole », en version française.
« The Black I was Wearing » / « Le noir que je portais », création personnelle de Sean DesVignes.
Depuis le 25 novembre dernier, date du non-lieu de Ferguson, de nombreuses manifestations contre les bavures policières dont des Noirs Américains sont victimes ont secoué l’Amérique. Avec les cris des manifestants ont émergé des slogans. Certains sont déjà connus, à l’image de « Black Lives Matter » (« Les vies noires comptent »), qui existe déjà depuis 2012. D’autres tristement nouveaux, comme « I Can’t Breathe » (« Je ne peux pas respirer ») référence aux derniers mots d’Eric Garner, père de famille mort en juillet dernier à la suite d’une violente altercation avec la police. Le slogan « Black People Speak Out », quant à lui, a été fondé sur Internet, à l’initiative de Cave Canem, une association de poètes noirs américaine créée en 1996.
Le site Medium, qui a repéré le projet, explique l’idée. Armés d’un hashtag et d’une webcam, les poètes ont versifié leur colère, puis posté leurs vidéos en ligne. Très vite, des centaines d’inconnus leur ont emboîté le pas. Dans ces vidéos, on trouve quelques textes écrits pour l’occasion, mais surtout de nombreux poèmes des années 60 et 70, emblématiques du combat des Noirs pour les droits civiques. Ceux de l’activiste Jordan June notamment, ou encore du Black Arts Movement, la branche artistique du Black Power de l’époque. Les internautes privilégient ces derniers – histoire de rappeler qu’aux États-Unis et partout ailleurs, loin d’être celui d’un seul jour ou d’un instant, le combat pour l’égalité des droits se mesure en décennies.
Jonterri Gatsson lit un poème d’Audrey Lorde, poétesse et militante pour les droits civiques dans les années 60.